Théâtre : « Le Comte de Monte Cristo », d’Alexandre Dumas au Théâtre Essaïon, à Paris.

Fidèle.
« Le Comte de Monte Cristo » qui se joue à l'Essaïon favorise la réminiscence de l’œuvre d'Alexandre Dumas sans nous perdre dans les circonvolutions abstruses du récit. La méthode est simple : la pièce est constituée d'une série de tableaux – nombreux – qui sont autant d'allers-retours entre la visite que l'homme désormais libre et âgé fait au lieu de sa captivité et les principaux épisodes de son entreprise de libération puis de vengeance. Le dialogue qu'il noue avec le nouveau gardien du château d'If fait surgir les souvenirs correspondants aux moments importants de sa vie, lesquels sont alors évoqués. Même si la transition entre ces tableaux – une espèce de danse avec des manteaux qui fait penser à des derviches tourneurs – finit par lasser du fait de sa répétitivité, l'idée qui consiste à démarrer chaque scène par les dernières répliques de la précédente crée une unité bienvenue.
Sans doute est-ce parce que la pièce se joue depuis longtemps : les personnages sont parfaitement bien incarnés. On croit complètement à chacun d'eux et c'est d'autant plus remarquable qu'ils ne sont que trois – deux hommes et une femme – pour jouer la multitude de partenaires auxquels le comte fait face. L'atmosphère de mystère et de noirceur est bien entretenue du début jusqu'à la fin. Astucieusement, les comédiens profitent de la configuration du lieu – une cave voûtée en pierres de taille – pour utiliser la totalité de la salle. La langue du texte a été travaillée et le mariage est réussi entre la justesse du vocabulaire et l'oralité du style. De temps en temps, une réplique vient, tel un slogan, donner un coup de fouet supplémentaire à un texte déjà dynamique, par exemple : « il y a les sachants et les savants » ou « ne pas oublier pour ne pas devenir fou ». Du coup, on regrette que parfois la musique couvre les répliques. Le jeu est théâtral – il n'est pas question de reconnaître dans l'un ou l'autre des personnages nos voisins de palier ou membres de la famille, ici tous sont d'exception – mais sans excès.
On réalise la facette intemporelle de la pièce lorsqu'on ne peut s'empêcher de penser à l'actualité, que ce soit dans le domaine de la concurrence pour le pouvoir, l'argent ou l'affection d'une femme. De ce dernier point de vue, la scène des retrouvailles avec Mercedes suppliant d'épargner son fils – pendant et aussi forte que celle avec le prêtre du château d'If qui regrette d'avoir par ses éclaircissements fait naître un esprit de vengeance dans l'esprit d'Edmond Dantès – est particulièrement réussie dans la mesure où on comprend immédiatement quel pivot psychologique elle représente.
Bref, la pièce est conforme à l'esprit de l’œuvre en même temps qu'elle entretient un suspens qui maintient l'esprit du spectateur attentif, alors pourtant qu'il connaît déjà l'histoire.
Pierre FRANÇOIS
« Le Comte de Monte Cristo », d'Alexandre Dumas. Adaptatrice : Véronique Boutonnet. Mise en scène : richard Arselin. Avec Véronique Boutonnet, Luca Lomazzi, Franck Etenna.
Les samedis et Dimanches à 17 h 30 du 17 septembre au 29 janvier. Tous les jours des vacances scolaires de la Toussaint du 24 octobre au 1er Novembre. Pendant les vacances scolaires de Noël, du 17 au 23 et du 28 au 30 décembre 2016. Supplémentaire le 11 novembre. Relâche les 22 , 23 et 24 octobre, 20 novembre, 24 et 25, 31 décembre et 1er janvier. Au Théâtre Essaïon, 6, rue Pierre au lard, 75004 Paris, métro Hôtel de Ville, RER Châtelet-Les Halles, tél. 01 42 78 46 42, www.essaion.com

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