Théâtre : Ariane Ascaride se raconte

Rires.
Ariane Ascaride est… une rigolote, née dans une famille qui l'était tout autant. C'est d'ailleurs grâce à cela qu'elle explique le fait d'avoir traversé sans trop de dommage une jeunesse peu structurée dans une famille « assez foldingue ». À lire le texte de son spectacle (Touchée par les fées, qui raconte sa vie), on pourrait parfois croire qu'elle ne sait pas qui elle est ou se dévalorise. En fait, il n'en est rien. Si elle dit bien qu'elle est toujours ailleurs au point de ne pas savoir où elle est, c'est parce que son âme d'artiste passe son temps à s'imprégner du monde qui l'entoure autant que de ses personnages (qu'il faut savoir laisser dans la loge, ce qui n'est pas toujours simple). Et si elle se dit maladroite, c'est sans la moindre culpabilité, elle est ainsi et l'accepte tranquillement, presque en riant, puisqu'elle a été un peu touchée par la lune.
Elle sait accomplir un métier – une vocation plutôt, car « il faut être un peu fou » pour l'exercer – qui a beaucoup à voir avec l'imaginaire, l'enfance et sa capacité d'étonnement. C'est une religion profane dont la liturgie est d'autant plus réussie que le comédien a su faire rayonner son talent. « Terzieff, raconte-t-elle, pouvait envoyer une aura tellement forte qu'on avait l'impression qu'il lévitait ! ». Ce qui la renforce dans la conviction qu'il faut sans cesse travailler pour toujours s'approcher de l'excellence et apporter du réconfort au spectateur. De ce point de vue, être reconnue dans la rue est autant un plaisir qu'une pression et une interrogation. En effet, qui reconnaît-on : elle ou le fantasme lié à un rôle ? Et que lui demande-t-on alors implicitement, si ce n'est d'être à la hauteur des rêves nourris par les spectateurs ? Mais cette grande solitaire pratiquant l'optimisme des pessimistes a la chance de pouvoir travailler entourée d'une bande d'amis (son texte a par exemple été écrit par sa complice Marie Desplechin à partir de conversations), et c'est « beaucoup plus drôle que quand on est seule ». Oui, pour elle, la vie est foncièrement positive, amusante.
Pierre FRANÇOIS

Photo : J L Fernandez.

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