Théâtre : « Moïse, Dalida et moi », au théâtre Les salons, à Genève

Tolérance, par Difouaine
Seule en scène, Isabelle de Botton fait revivre son départ d’Egypte et son exil en France, après l’internement de son père et l’expulsion des juifs d’Egypte par Nasser en représailles à la campagne de Suez de 1956.
Tout en préparant les gâteaux à la fleur d’oranger de son pays natal, véritables madeleines de Proust, elle convoque ses morts qu’elle fait revivre. Elle campe et caractérise d’un geste ou d’une voix son propre personnage alors petite fille, ses parents, ses nombreuses tantes et oncle, les domestiques égyptiens dans l’atmosphère et leur vie quotidienne à Alexandrie, leurs projets, leurs peurs…
Son spectacle est plein d’humour et de tendresse mais il s’évertue aussi à être juste, c’est-à-dire critique envers l’inégalité de traitement entre homme et femme chez les Séfarades ou l’antisémitisme de son pays d’accueil, et chaleureux vis-à-vis des arabes de son enfance.
L’enfant pose des questions pleines de bon sens et qui dérangent : pourquoi Dieu me protège-t-il moins que mes frères ? Après notre départ, les Arabes auront-ils une plus belle vie ? Comment choisir entre sa mère et son père ? En quoi dire qu’on est juif constitue-t-il un « aveu » ? Elle comprend vite que les adultes répondent à leur manière ou évitent de répondre.
Ce spectacle est donc la réponse de l’adulte à l’enfant qu’elle était. Réponse nuancée et rassembleuse.
L’interprétation d’Isabelle de Botton est parfois maladroite mais sa sincérité rachète tout. A travers l’Egypte (Moïse, Dalida et les autres), cette comédienne universelle exprime sa nostalgie et l’espoir que toutes les confessions et les athées du monde se tendent enfin la main.
Difouaine
De et par Isabelle de Botton. Mise en scène : Michèle Bernier. Le 16 mars à 20 h, au Théâtre Les salons, à Genève. Durée : 1 h 30.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *