Exposition, peinture : « Hokusai » au Grand Palais à Paris.

Au Grand Palais, une exposition remarquable permet de découvrir le peintre japonais le plus connu au monde.
C’est à la signature d’un traité d’amitié et de commerce, en 1858, que l’on doit la découverte de l’art japonais en France. Les estampes, ces fameuses images du monde flottant (« ukiyo-e »), fascinent les collectionneurs tout comme les livres illustrés, alors utilisés comme matériau d’emballage et de protection des fragiles céramiques nippones. La découverte fortuite d’un volume des mangas de Hokusai par Félix Bracquemond à la fin des années 1850 révèle au public le talent du dessinateur.
Hokusai naît à Edo, en 1760. Entré, en 1778, dans l’atelier de Katsukawa Shunshō, célèbre pour ses portraits d’acteurs de kabuki, Hokusai entreprend alors une carrière de dessinateur sous le nom de Katsukawa Shunrō. Il réalise alors des estampes commerciales à bon marché, portraits d’acteurs, de jolies femmes, de guerriers célèbres, illustrant par ailleurs divers types de livres imprimés.
C’est en 1794 que s’opère le passage de la signature Shunrō à celle de Sōri. En adoptant cette nouvelle identité, son activité se concentre alors autour des « egoyomi », calendriers illustrés, et des « surimono », gravures en une seule feuille destinées à un usage privé. Hokusai bâtit sa réputation sur ces œuvres luxueuses et raffinées mais également sur sa capacité à illustrer le genre à la mode des « kyōka » ou poèmes-bouffe.
Il passe du nom de Hokusai, le « fou de peinture », à celui de Katsushika Hokusai et apporte une contribution majeure au genre des livres de lecture (« yomihon »). À compter de 1810, Hokusai se consacre à un genre nouveau, celui des manuels de peinture. Suivi par un nombre croissant d’admirateurs dispersés dans tout le pays, sollicité par des disciples de plus en plus nombreux, l’artiste commence alors à concevoir des manuels à l’usage des jeunes artistes, qui peuvent par ailleurs faire office de recueils de modèles pour les artisans. Les « Hokusai manga », qui doivent ce titre synonyme de « dessins variés » à l’artiste lui-même, sont publiés à partir de 1814.
Passé l’âge de 50 ans, Hokusai s’éloigne donc de la production des livres de lecture (« yomihon ») pour se tourner vers la réalisation de manuels de peinture (« etehon ») qui témoignent de son ambition à diffuser sa technique dans tout le pays et à faire connaître son art auprès d’un public le plus large possible.
Au tout début des années 1830, en quelques années seulement, Hokusai réalise sous le nom de Litsu ses oeuvres les plus célèbres. Durant cette période, l’activité de l’artiste se concentre, en effet, autour de la conception de ces estampes du monde flottant (« ukiyo-e ») qui fascineront (déjà employé au départ avec la même expression) les Occidentaux. La série des Trente-six vues du Mont Fuji ou celle des Voyages au Fil des Cascades des différentes provinces ne s’appuient pas sur des sites clairement identifiables mais illustrent davantage les métamorphoses du motif choisi.
En 1834, Hokusai publie la première partie du livre illustré intitulé Cent Vues du Mont Fuji, conclusion au trait de toutes ses représentations de la célèbre montagne. Il utilise alors pour la première fois la signature Gakyo Ròjin Manji — « Manji, le Vieil Homme fou de peinture » — et, dans la postface, déclare vouloir vivre plus de cent dix années afin de parvenir à son plein accomplissement artistique.
À voir pour découvrir le Japon.
Dominique Del Boca

Exposition « Hokusai », Grand Palais, 3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris, Serveur vocal : 00 33 (0)1 44 13 17 17, jusqu'au 18 janvier. http://www.grandpalais.fr/.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *