Actu : Festival d’Aurillac, la manifestation aux seins nus.

Arrivé le jeudi au festival d’Aurillac accompagné d’une habituée, on y croise trois jeunes femmes aux seins nus dans l’indifférence générale. Elle me dit qu’il s’agit là d’une nouveauté. Sans doute la température joue-t-elle : le thermomètre, qui marquait déjà 25° à l’aube, indique entre 35 et 37°. D’ailleurs, une quantité importante d’hommes est aussi torse nu.
Le samedi, à 14 heures, rue des frères Charmes, au coin de la rue du Rieu, on voit arriver une foule compacte. Il s’agit d’un défilé mixte composé essentiellement de jeunes femmes aux seins nus, d’environ deux cents mètres de long. Le slogan « Aurillac topless, la police en P. L. S. » (d’une clarté discutable) et le caractère bon enfant de la foule évoquent une installation inspirée de la démarche de Spencer Tunick. Mais une participante interrogée indique que la cause en est la verbalisation d’une jeune femme la veille (en fait le mercredi).
La foule est si dense qu’il est impossible de traverser la rue et, si la plupart des participantes ont enlevé le haut, on y trouve également des femmes habillées et des hommes, torse nu ou non. Certaines de celles qui défilent poitrine à l’air (il y a de tout, mais l’immense majorité est bronzée) se couvrent le visage d’un tissu – manifestement un vêtement dont ce n’est pas l’utilisation habituelle – passé en forme d’écharpe remontée jusqu’aux yeux, parfois couvrant aussi les cheveux. Pour échapper à une verbalisation éventuelle ? Ne pas être reconnue sur les photos prises ? En tout cas, rien à voir avec l’attirail noir des casseurs polluant habituellement les manifestations. D’après les rumeurs, il s’agit d’une initiative qui a pris sa source dans les conversations entre les différents campements que l’on peut alors trouver un peu partout en ville. Il n’y a pas de service d’ordre, de drapeau syndical ou féministe, de police, dans ou aux abords de la manifestation. Juste une banderole en tête.
Sur la place du square, peut-être une heure plus tard, il est possible de passer sans encombre entre la foule et le square Arsène-Vermenouze alors que deux personnes bloquent l’entrée extérieure du tribunal*, au niveau des grilles, devant une foule calme qui ne compte plus qu’entre cent et deux cents personnes. Aux abords du café « le Milk », situé à une centaine de mètres, on reconnait les personnes qui quittent le groupe au fait d’avoir les seins à l’air tant leur comportement est semblable à celui de n’importe quel festivalier. L’une d’elles justifie la manifestation par le fait que l’on ne verbalise pas les hommes qui se montrent torse nu.
Un fait sans rapport direct peut éventuellement expliquer la facilité et la rapidité avec laquelle la réaction populaire a eu lieu. Les – très nombreux – jeunes spectateurs venant avec leurs chiens devaient les tenir en laisse et ramasser leurs crottes et, de fait, les rues étaient propres tandis que la police à cheval n’avait pas équipé les montures de sacs, de sorte que l’on a pu voir du crottin, au milieu d’une rue, surmonté d’une feuille de papier A4 sur laquelle avait été griffonné « Police ». Peut-être le fait de ne pas s’appliquer la règle que l’on impose à autrui a-t-il joué…
Pierre FRANÇOIS
*On apprendra ensuite qu’il s’agissait du maire et du directeur du festival en train de discuter avec la foule restante.

Photo : Pierre François.

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