Livre : « Dieu était là et je ne le savais pas », de Maurice Fourmond, diffusé par l’association Communautés-échanges.

Exceptionnel.
« Dieu était là et je ne le savais pas », du père Maurice Fourmond, fait partie de ces livres qui libèrent l’âme en mettant les points sur les i. Car, libérateur, il l’est. Sans pour autant s’éloigner du cœur de la foi. Par ailleurs, loin d’être un ouvrage de spiritualité ou d’enseignement – ce qu’il fait très bien au passage néanmoins – c’est surtout un témoignage et le bilan d’une vie, que l’on sent humble.
Aucune leçon n’est donnée à personne, mais des chemins possibles sont indiqués. Des chemins que l’auteur a suivis, à force de découvertes-conversions. Des chemins qui ouvrent l’horizon et les perspectives de dialogue avec les autres confessions – spécialement la protestante – ou les incroyants.
Impossible de rendre compte ici de la richesse et du nombre des éclairages proposés.
On en propose ici juste quelques exemples.
Sur la liberté et l’obéissance, (p. 90) : « Une obéissance sans liberté est un esclavage et une liberté sans obéissance est un narcissisme mortel »… « Pour saisir le lien entre la liberté et l’obéissance, il est important de bien situer le rapport qui existe entre l’Église de Jésus-Christ et celui qui est désigné comme sa tête, le Christ »… « l’Église doit cheminer humblement dans une quête toujours à recommencer, pour rester fidèle à la mission de son Maître. » C’est au nom de notre dignité de créature à l’image de Dieu que nous sommes libres dans les choix de vie que l’Évangile suggère et obéissants à l’appel que Dieu nous adresse à travers les différentes circonstances de la vie. (p. 91)
Au sujet du salut et du bonheur, en forme de commentaire du Jugement dernier dans Matthieu et de la parabole du bon grain et de l’ivraie, il note (p. 102) : « À chaque fois que je demande pardon à Dieu, je ne me sens nullement devant un juge, c’est plutôt moi qui me juge devant l’amour dont je suis aimé par Dieu, amour que j’ai blessé avec plus ou moins de responsabilité ».
Au sujet de la façon de concevoir la mission, il commence par revenir à l’Écriture, spécialement Mc 1, 36-39 et en tire un double commentaire. « Tout le monde te cherche : il y a au cœur de toute personne une ouverture sur l’invisible, une ouverture sur l’absolu, que certains appellent Dieu ». Mais la réponse est déroutante : Allons dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile, car c’est pour cela que je suis sorti. Sortir, explique l’auteur, c’est sortir « de mes a priori » pour « rencontrer l’autre dans la réalité de sa vie et d’y voir Dieu à l’œuvre », mais pas de la manière que je peux désirer ou imaginer. Et nous avons à témoigner de la Parole de l’Évangile sans la gauchir même si nos faiblesses nous donnent envie de la présenter différemment ou de justifier des comportements inacceptables. Il faut en outre savoir annoncer en fonction du contexte, comme Paul à Athènes, puis se retirer pour laisser l’autre être disciple du Christ et non de l’évangélisateur.
Tout cela implique de changer aujourd’hui la manière de concevoir la mission en intégrant la dimension de l’inculturation – même si cette dernière doit se laisser enseigner par deux mille ans de pensée et d’approfondissement de la foi – et son corollaire qui est une Église nécessairement plus décentralisée, synodale, en faisant la distinction entre le pouvoir de juridiction et la responsabilité du maintien de la communion dans la foi entre les différentes communautés.
On pourrait encore parler de la distinction entre ce qui est sacré – chose ou personne – et ce qui est respectable ou de la façon dont il présente la consécration d’une personne. Ou de ses propos sur l’idéal et la réalité. En fait, de chacun des quatorze chapitres qui composent ce livre. Le plus simple étant de se le procurer auprès de l’association (il est hors commerce) Communauté-échanges, 9, avenue de l’observatoire, 75006 Paris au prix probable de 10 euros (et en attendant une réimpression).
Pierre FRANÇOIS

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