Étonnant, séduisant.
« La Peau de l’eau » est un spectacle déroutant. Non du fait de sa poésie bien réelle, sous l’apparence d’un conte fantastique et touchant sur le thème des relations entre un couple de gardiens de phare et leur enfant adopté. La double exigence de ne pas répondre immédiatement aux attentes de ce dernier tout en laissant la bride de plus en plus libre à cette personnalité mystérieuse, pour le laisser prendre son envol, est très bien montrée.
On regrette juste, lors de la première, une trop grande présence du décor. Sans aucun doute le spectacle a-t-il été rééquilibré depuis.
Il y a une seconde raison pour laquelle ce spectacle mérite le détour : l’auteur sait parfaitement de quoi elle parle, aucun mot du vocabulaire maritime n’est employé de façon approximative ou fautive. Et, à l’heure où les phares ont été automatisés (pour combien de temps ? Car on voit déjà les superstructures anciennement entretenues par les gardiens, être de plus en plus fragilisées), ce spectacle fait mémoire d’un style de vie à la fois érémitique et solidaire avec le monde des inconnus qui se guident grâce au ballet des pinceaux de lumière qui dansent sur l’obscurité des vagues avec une précision d’horloger. Cela aussi, c’est une poésie bien réelle et vivante, tous ceux qui ont eu la chance de s’arrêter un quart d’heure, de nuit, sur un point haut de la côte peuvent en témoigner.
Pierre FRANÇOIS
« La Peau de l’eau », de et mis en scène par Christine Pouquet. Avec Samuel Churin, Samantha Lavital, Léa Delmart. Le 5 mars à 14 heures (scolaire) et le 6 à 20 h 30 (tout public) à la salle Jacques Brel, 21, rue des merisiers, 78520 Mantes la ville (tél. 01 30 98 55 46). Le 3 avril à 20 h 30 au Théâtre de l’entre-deux, avenue des Hyverneaux, 77150 Lésigny (tél. 01 60 34 24 45).