Théâtre : « La Voix humaine », de Jean Cocteau au Théâtre de la contrescarpe, à Paris.

Étonnant.
« La Voix humaine » est un texte magnifique. Selon certains, Cocteau y pleure la mort de Raymond Radiguet, dont il fut le mentor.
Découvrir un texte lors d’une représentation exceptionnelle est une grâce qui est arrivée à l’auteur de ces lignes il y a au moins dix ans, au squat de la rue de Rivoli. Le souvenir embellissant toujours la réalité, toute nouvelle interprétation paraît fade.
Celle qui est donnée au Théâtre de la contrescarpe mérite-t-elle vraiment ce qualificatif ?
Il est vrai que la présence régulière de musiques ou de projections vidéo a tendance à déconcentrer de l’écoute et à faire oublier le personnage. Mais encore ?
On doit d’abord admettre que l’idée de remplacer le téléphone par un casque et un micro est fort bien venue : il y a belle lurette qu’on ne téléphone plus en tenant un combiné en bakélite. De même, évoquer le décor à travers la lecture en voix off de sa description par l’auteur pose le contexte sans parasiter l’écoute par des accessoires qui occuperaient la scène. Le faible éclairage – parfois à contre ou en douche de sorte que le visage reste dans la pénombre – aide à ne se centrer que sur le texte, ses intonations, ses silences aussi. La diction est plus que soignée, elle est excellente ; non seulement aucune liaison n’est omise, mais par ailleurs on ressent presque physiquement la délicatesse de la personne, sa fragilité aussi, à travers les intonations. En définitive, on finit par se demander s’il est si important de ne croire que par intermittence au personnage tant le texte est si bien mis en valeur.
Pierre FRANÇOIS
« La Voix humaine », de Jean Cocteau. Avec Yannick Rocher. Mise en scène Charles Gonzalès. Lundi et mardi à 20 heures jusqu’au 26 décembre, puis à 19 h 30 jusqu’au 27 mars ; également le mercredi à 20 heures jusqu’au 21 novembre à La Contrescarpe, 5, rue Blainville, 75005 Paris, tél. 01 42 01 81 88, http://www.theatredelacontrescarpe.fr/

Photo : Pierre Francois

Une réflexion au sujet de « Théâtre : « La Voix humaine », de Jean Cocteau au Théâtre de la contrescarpe, à Paris. »

  1. [N.D.L.R. : Plutôt réponse à l’article que commentaire, le signataire était Charles Gonzales, le metteur en scène de la pièce] Dans cette mise en scène et conception du texte exta-ordinaire de Jean Cocteau, il est bien évident que ce n'est pas le personnage qui est mis en évidence mais bien plutôt le texte de Cocteau si riche, si lumineux! Et quand le metteur en scène, comme c'est le cas dans le spectacle, règle comme du papier à musique toutes les subtilités du texte en donnant à la comédienne jusqu'aux moindres intonations à tenir de chaque phrase, le moindre geste réglé à respecter, et en utilisant la lumière " claire-obscure" comme le disait Cocteau, le spectacle en devient un "opéra fabuleux" où la musique et les lumières balayent tous les éléments d'un pathos qui ne peut-être que suranné et perturbant pour le spectateur et laisser place à l'endroit le plus essentiel du théâtre, le texte! Jusque dans les moindres liaison exigées là aussi à la comédienne par son metteur en scène.  

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