Musique : Portrait de Caroline Ferry, qui chante François Morel à l’Essaïon à Paris.

Foi et humour.
Les artistes qui vivent leur foi chrétienne jusque dans la pratique de leur métier ne sont pas nombreux. Caroline Ferry est du lot.
Avant de chanter sur la scène du théâtre Essaïon, elle a animé des années durant les messes à la paroisse sainte Marguerite de Paris. Cette femme au double parcours de comédienne et de chanteuse est en effet croyante et pratiquante. Au point de faire confiance aux désirs qui surgissent en elle, presque malgré elle, malgré le peu de confiance qu'elle s'accorde. A tort. Ainsi fut-elle traversée une fois par le rêve de chanter à Paris (elle est maintenant installée en Alsace) dans un beau théâtre et avoir des affiches dans le métro. Et c'est ce qui lui arrive.
Ce n'était pourtant pas gagné. Elle qui est retourné cinq fois voir le spectacle musical de François Morel tant il la touchait, n'osait même pas écrire à ce dernier pour lui demander l'autorisation de chanter ses chansons. Lorsqu'elle y arriva, la réponse positive lui parvint le lendemain même. Et le soir où elle distribuait des tracts à la sortie du spectacle de ce dernier (au Théâtre de l'Atelier), elle apprit par les spectateurs qu'il avait fait mention d'elle sur scène. Et quand on voit quels sont ses partenaires professionnels à la capitale alors qu'elle ne connaissait pas les réputations des uns et des autres, on voit qu'elle ne pouvait pas mieux tomber.
La rectitude est un mot qui revient régulièrement tout au long de l'interview. Avec une priorité pour celle concernant l'interprétation. Son souci est en effet de mettre sans cesse moins de volontarisme dans son jeu pour laisser le personnage s'épanouir (elle y arrive très bien). Bien entendu, elle trouve la source de cette attitude dans le « il faut que je diminue pour qu'il grandisse ».
Elle devient intarissable quand il s'agit de vanter la poésie de François Morel (alors qu'elle-même écrit – avec Nicole Guillin – des textes de chansons depuis des années). « Chanter François Morel, dit cette convertie, c'est pour moi du pain béni ». Parce que cette comédienne de formation s'est immédiatement rendue compte que les chansons de ce dernier, également comédien, étaient autant à jouer qu'à chanter. Et parce qu'elle sont empreintes de la vie et de l'humour qu'elle aussi essaie de mettre dans ses textes.
Il n'empêche. Aujourd'hui sa foi en la force de la prière prend un tour inattendu : elle fait une neuvaine pour pouvoir payer ses artistes. Et comme une foi sans actes est morte, elle s'est aussi inscrite sur un site participatif artistique(1) de sorte que les internautes peuvent offrir des cachets à ses musiciens (qui les méritent bien).
Confidence : les entretiens journalistiques sans aucune langue de bois et aussi spontanés que celui-là se comptent sur les doigts de la main. Le talent et l'humilité de l'artiste l'imprègnent jusque dans sa vie quotidienne. Chapeau !
Pierre FRANÇOIS
(1)http://proarti.fr/fr/project/soutenir/871

Photo : Pierre François.

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