Théâtre : « Talking Head II, Femme avec pédicure & Nuits dans les jardins d’Espagne », d’Alan Bennett au Théâtre de l’Épée-de-bois (Cartoucherie) à Paris.

Humour anglais.
« Talking Head II, Femme avec pédicure & Nuits dans les jardins d'Espagne » est une pièce britannique qui fait montre du même humour à un degré inégalé. En effet, on n'est plus dans le genre pince-sans-rire mais directement dans l'innocence totale ! Enfin, totale, on ne sait pas trop… Ce qui est sûr, c'est que cette pièce ne parle que de perversions sexuelles sans qu'à aucun moment un seul mot de ce répertoire ne soit prononcé.
TalkingHeadDSC6664PhotoPierreFrancois220X146X72Dans « Femme avec pédicure », le personnage pervers évite de nommer ses pratiques et en fait l'apologie indirecte en flattant sa partenaire tandis que cette dernière s'abstient de se poser la moindre question du moment qu'elle ne se sent pas dérangée. Tout au plus comprend-t-elle qu'il lui faut éviter de parler de ses visites au pédicure à ses collègues de travail si elle veut éviter des familiarités qu'elle trouve déplacées.
TalkingHeadDSC6700PhotoPierreFrancois220X146X72Dans « Nuit dans les jardins d'Espagne », une femme raconte à la fois la vie de sa voisine qui a tué son mari et la sienne avec un époux qu'elle ne quitte pas alors que les raisons ne manquent pas. Au-delà de la (très sobre) description des avanies subies par sa voisine, devenue confidente à la limite de plus encore, on ne sait plus si on doit rire ou pleurer. Là aussi, la neutralité clinique avec laquelle les choses sont dites porte à rire. Mais l'analyse de la situation montre combien on nous fait contempler deux modèles de vie gâchées, sans rédemption.
Les deux saintes Nitouche sont parfaites dans leurs rôles. Et se complètent très bien. En effet, si l'une, tout en enfilant un personnage insipide, a des attitudes plus expressives que l'autre ; la seconde, de laquelle émane une vraie personnalité, reste dans un registre méditatif.
TalkingHeadDSC6619RecCarre220X218X72Chacune occupe une moitié de la scène et elles jouent alternativement. On pourrait presque croire qu'il s'agit de connaissances tant leurs textes et jeu se répondent, tant l'insignifiance de leurs consciences est parente. La mise en scène met bien en valeur les connexions en filigrane qui lient les deux récits. Le rythme est bien mené, on n'est pas loin parfois de celui du vaudeville. Et l'humour de ce qui était à l'origine des pièces radiophoniques (d'où la saveur travaillée du texte) est d'autant plus efficace qu'il est cruel.
Pierre FRANÇOIS
« Talking Head II, Femme avec pédicure & Nuits dans les jardins d'Espagne », d'Alan Bennett adapté par Jean-Marie Besset. Avec Emmanuelle Rozès et Bénédicte Jacquard. Du 26 mars au 19 avril au théâtre de l’Épée-de-bois, Cartoucherie, route du champ de manœuvre, 75012 Paris, tél. : 01 48 08 39 74. Du jeudi au samedi à 20 h 30, samedi et dimanche à 16 heures, http://www.epeedebois.com/.

Photos : Pierre François.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *