Théâtre : « Deux sœurs », de, avec et mis en scène par Marien Tillet au festival off d’Avignon (fin).

La découverte d’un journal intime dans une armoire achetée d’occasion provoque des changements dans la vie de son propriétaire : dans quel monde se trouve-t-il, entre le cauchemar de la lecture et les allusions mystérieuses de la femme qu’il vient de rencontrer. Mais comment l’auteur de cette pièce parvient-il à créer cette atmosphère si spéciale ?


Si l’on demande à l’auteur comment il s’y prend, il répond simplement que la peur existant dans tous les arts sauf le théâtre, il a eu envie de relever le défi. Et s’est rendu compte que la première étape pour y arriver est de commencer par créer un dénominateur commun, une émotion partagée par tous les spectateurs, en faisant éprouver au public un autre sentiment. Une fois créé ce point de départ général, il ne reste plus qu’à entamer cette promenade qui se présente comme une de ces histoires racontée à la veillée. La peur éprouvée est alors semblable puisque, dans les deux cas, on raconte une histoire horrible.
Il se trouve qu’il a collecté des chroniques en Irlande, et notamment des récits faisant intervenir des morts. Ainsi, la mine qui a fermé et l’inondation sont-elles des réalités.
Le livre trouvé dans une armoire, de son côté, est l’élément fictif qui impose son rythme à la pièce. De ce point de vue, on est proche de la fiction radiophonique.
Le parti pris est de n’utiliser que la puissance du récit – pas d’éclairage, pas de son – pour créer la peur dans un endroit qui, par nature, manque d’intimité. Comme il a travaillé la musique irlandaise pendant longtemps, il lui a été aisé de créer celle du spectacle. Elle est toujours en direct, souvent improvisée et sert à renforcer l’histoire. Le choix du violon était imposé du fait que c’est un cliché pour créer la peur au cinéma. Les fausses notes – impossibles au piano – permettent de déranger, de déplacer le spectateur vers un univers rugueux, donc vers la peur.
Un scénariste parle de la radio-activité de la peur, elle nous contamine de proche en proche. Mais le ressort de l’humour permet de régulièrement percer le ballon trop gonflé, pour recommencer ensuite.
L’intérêt de faire peur avec une fiction est de délivrer le public des craintes fondées sur la réalité. Cela fait renaître l’enfant qui vit et s’amuse – y compris à se faire peur – en nous. Et quand c’est au théâtre, on sait dès le début que c’est pour de faux.
Pierre FRANÇOIS
« Deux sœurs », de, avec et mis en scène par Marien Tillet. Du 7 au 29 juillet à 13 h 35 (relâche les 12, 19 et 26) au 11-Avignon, 11, boulevard Raspail, salle 2, dans le festival off d’Avignon.

Photo : Pierre François.

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