Festival des arts de la rue : « Parade(s) » à Nanterre

Xénophile.
Il y a les purement hexagonaux et ceux qui regardent par dessus le mur. « Parade(s) » fait mieux encore : depuis plusieurs années il accueille des artistes japonais et burkinabés.
« Parade(s) », c'est un festival de spectacle gratuit de rue qui a lieu à Nanterre chaque année depuis 26 ans. On a déjà eu l'occasion d'en souligner la qualité et les caractéristiques : un accès facilité aux personnes handicapées, des attractions spécifiques pour les enfants, un spectacle de la programmation choisis par les 6-12 ans au festival Chalon dans la rue (« Révélation », du hip-hop) et un autre par les 15-17 ans au Festival d'Aurillac (« Cinéma Paradise », manga sur scène), l'accueil de créations (cette année, 7 sur les 50 initiatives présentés), la collaboration avec des artistes ou festivals étrangers.
Ce dernier point est suffisamment original pour mériter un intérêt particulier.
Concernant le Japon, c'est vers le milieu des années 90 qu'un producteur nippon passe à « Parade(s) » et se rend compte que la programmation de ce qui se fait à Nanterre correspond à ce qu'il cherche. Tout naturellement se met alors en place un échange d'artistes et, depuis lors, chaque année une troupe japonaise vient à Nanterre tandis qu'une française participe à un festival sur le sol nippon. Le succès des Japonais venant à « Parade(s) » tient en particulier au fait qu'ils ont une façon très impressionnante de parvenir à communiquer avec le public, alors même qu'il n'est pas question de s'exprimer oralement.
La collaboration avec le Burkina Faso est aussi le fruit d'une rencontre, avec le directeur du festival itinérant – et de rues, comme « Parade(s) » – « Rendez-vous chez nous(1) qui est allé cette année (il existe depuis 2010), en février, de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso en passant par Boromo, six villages de la commune rurale de Komsilga et l’orphelinat de Loumbila. La ville de Nanterre a commencé par collaborer de façon informelle, mais très vite (dès 2011) s'est mis en place un partenariat plus institutionnalisé, qui peut s'exprimer diversement (formation, aide à l'accueil ou à la production de spectacle). Cette année, le voyage sur place a permis à la responsable de « Parade(s) » de demander à l'artiste déjà programmé de donner sa création de l'année en plus du spectacle déjà prévu. S'il vient quant à lui de l'étranger, « Parade(s) » était déjà en contact avec des artistes burkinabés en France. C'est ainsi que l'équipe a fait venir plusieurs fois une troupe franco-burkinabé de banlieue parisienne (« Les grandes personnes »). Elle monte cette année l'histoire de la révolte de villages de la boucle de la Volta contre l'enrôlement au moment de la Grande Guerre (« Bona Kele »). Cette saga originale, les comédiens se déplaçant de tables en tables, où sont installé le public, avec des objets qui évoquent leur récit, sera donnée à Nanterre.
Le théâtre noir-africain sera donc présent à travers quatre initiatives : cette dernière ainsi qu'« Embarquement pour Battaffadoua » (qui parle de la détresse d'un homme campagnard face à sa femme aussi ferme et pragmatique que souriante), « Tchao Moisy » (qui traite de la confrontation entre les difficultés d'un homme à gagner sa vie en Europe et les attentes de sa famille). Et, enfin, cette farce politique – « Démocratie, I love you » – qui a déjà connu un large succès au Burkina-Faso sera jouée non seulement à Nanterre mais aussi à « Viva cité » à Sotteville-lès-Rouen(2) ou aux « Invit » de Villeurbanne(3). Parades n'a pas fini de nous étonner par sa qualité et son originalité.
Pierre FRANÇOIS
« Parade(s) », 26e édition du festival gratuit des arts de la rue de Nanterre. Du 5 au 7 juin, RER Nanterre-Ville, tél. : 39 92, www.nanterre.fr (rubrique « culture »), Facebook parades.nanterre.
(1) http://acmur-rdvcheznous.org/
(2) du 26 au 28 juin.
(3) du 17 au 20 juin.

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