Théâtre : « Le Cabaret de l’austérité » au Théâtre de la reine blanche

On croirait entendre des brèves d'abribus parisien, mais le texte a été écrit à Tel-Aviv. Et on se croit dans une farce, sauf qu'elle parle des rencontres entre pauvretés morales et économiques. Pourtant, on rit bien, même si c'est parfois jaune… Et ce qui frappe, c'est de se rendre compte que « Le Cabaret de l'austérité » est une pièce originale et complètement cohérente. Elle parle de l'austérité ? Eh bien, costumes et décor évoquent la pauvreté et elle se joue au Théâtre de la Reine blanche, une salle de quartier à deux pas du boulevard de la Chapelle où les toilettes (propres, austérité ne signifie pas saleté) sont manifestement partagées avec les comédiens. L'austérité frappe d'abord les personnes qui n'ont pas même un semblant de culture générale ou de vocabulaire pour faire illusion dans le monde du travail ? Eh bien, les dialogues sont dans un style oral, familier, cru, parfois sexuel.

L'auteur, Gilad Kahana, est un Israélien et la pièce découle de chroniques qu'il a écrites à Tel-Aviv à la suite de manifestations contre la vie chère en 2011. Pourtant, il n'y a pas le moindre relent d'exotisme dans ces échanges entre inconnus sur un banc public, on les imagine même parfaitement à Paris !

Le spectacle est construit, comme son nom l'indique, à la façon d'un cabaret : c'est une suite de sketches, tous plus cruellement drôles les uns que les autres. Les changements de costume, austérité oblige, se font à vue. La force des quatre comédiens est de nous faire croire immédiatement au nouveau personnage qu'ils viennent d'enfiler. Certes, on est dans la farce, ce qui aide à comprendre rapidement des psychologies taillées à la hache, mais les propos sont si vrais ! Discrètement visibles, mais parfaitement audibles… – car Gilad Kahana est chanteur et cette facette est aussi présente – il y a trois musiciens rock. Le tout donne un spectacle vitaminé et caustique, décapant et rythmé. Évidemment, on est loin du répertoire ou du boulevard, mais ça n'en est pas moins comique…

Pierre FRANÇOIS

« Le Cabaret de l'austérité », d'après les textes et chansons de Gilad Kahana. Adaptation, traduction et mise en scène de Zohar Wexler. Avec en alternance Flore Taguiev, Franck Lorrain, Julie Pouillon, Zohar Wexler, Smadi Wolfman et, aux instruments, Fred Simon, Serge Baudry, Fabien Tharaud.

Les mardis, jeudi et samedi à 19 h 30 jusqu'au 3 janvier au théâtre de la Reine blanche, 2 bis, passage Ruelle, 75018, Paris, tél. : 01 40 05 06 96, métro La Chapelle, Max Dormoy.

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