Lutin, par Difouaine.
Un acteur interprète. En général, on ne lui demande pas son avis, il n’est qu’un messager. Mais voici que le Festival d’Avignon commande à Ariane Ascaride une « petite forme », entendez un spectacle court donc peu coûteux. Pourquoi ne pas raconter sa vie ? Depuis le temps qu’on la retrouve avec plaisir dans les beaux films de son mari, Robert Guédiguian, elle en a la légitimité. Par modestie, elle fait appel à Marie Desplechin pour cette biographie.
Un peu perdue sur cette grande scène de l’Aquarium, comme pour souligner encore cette humilité, Ariane Ascaride se raconte donc, surtout à travers les autres, avec humour et tendresse. Elle évoque ses parents désunis, un père, coiffeur, comédien amateur, stalinien et séducteur qui la met très tôt sur les planches. Un père qu’elle quitte très jeune pour épouser un mari également communiste et venu du spectacle. Ariane subit donc cette double influence mais parvient à s’en dégager par ce récit théâtralisé : elle enlève la combinaison rouge qui rappelle celle qu’arbore son mari dans son film « Marius et Jeannette » et laisser découvrir le costume de Peter Pan ou de Puck (1) qu’elle rêve d’incarner.
C’est le papillon qui sort de sa chrysalide : ne plus être la fille ou la femme de, mais devenir soi, tout « simplement ».
Difouaine
« Touchée par les fées », de Marie Desplechin. Mise en scène et chorégraphie : Thierry Thieû Niang. Avec Ariane Ascaride. Jusqu’au 17 mai 2015, du jeudi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 16 heures. Théâtre de l’Aquarium (Cartoucherie), route du champ de manœuvre, 75012 Paris. Tél. : 01.43.74.99.61. http://www.theatredelaquarium.com, Métro : Château de Vincennes puis navette gratuite en face de la gare routière (pendant une heure avant et après le spectacle) ou bus 112 (zone 3). Parking gratuit sur place.
(1) Puck : lutin du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare.
Photographe : Jean-Louis Fernandez