Une heure de bonheur.
« La Part sombre » est un bijou. Certes, on peut faire valoir qu’il n’est pas compliqué d’incarner un personnage lorsque le récit est autobiographique. Ce serait faire fi du talent de la comédienne qui, dès la première syllabe, nous interroge et nous accroche. Elle ne nous lâchera jamais. Le jeu, la diction, le ton, la sobriété des déplacements et du décor qui valorisent le texte et la situation avant tout, tout est parfait. Savoir qu’un des symptômes de la schizophrénie est le fait d’entendre des voix aide à comprendre le sens de quelques bandes-son. Pour le reste, la construction de ce spectacle solo est classique : on fait connaissance avec le personnage à travers une scène très enrichissante au sujet de la façon dont il faut jouer « Le Misanthrope », puis on assiste à la désintégration de la personnalité et, enfin, à sa renaissance, différente. Nulle lourdeur dans ce don fait au public, au contraire, humour et légèreté sont au rendez-vous chaque fois que c’est à propos.
Ce spectacle est à voir, sans réserve, autant pour son interprétation magistrale que pour tout ce qu’il enseigne, l’air de rien.
Pierre FRANÇOIS
« La Part sombre », de Maï David et Gaëlle Héraut. Avec Maï David. Mise en scène : Gaëlle Héraut. Mardi et jeudi à 21 heures, samedi à 20 heures jusqu’au 9 octobre au théâtre de La Reine blanche, 2 bis, passage Ruelle, 75018 Paris, métro La Chapelle. Tél. 01 40 05 06 96, reservation@scenesblanches.com.
Puis, en octobre et décembre à Brest, et encore du 10 au 13 février au CDN de Nancy « La Manufacture ».
Photo : G. Heraut.