Actu : vingt morts et seize blessés pour une huile bénie.

Superstition mortelle.

Selon une dépêche Reuters, le samedi 1er février au soir une vingtaine de personnes au moins a trouvé la mort au cours d’une bousculade dans un stade de la ville de Moshi, près du mont Kilimandjaro, en Tanzanie. Le pasteur Boniface Mwamposa, de la mouvance du « prosperity gospel* » était en train de célébrer un office devant environ dix mille fidèles lorsqu’il leur a ordonné de se précipiter tous d’un seul coup vers un endroit du stade où ils pourraient se faire oindre d’huile bénie, censée apporter la prospérité et protéger des maladies.

L’événement ayant eu lieu de nuit, le bilan de vingt morts – dont cinq enfants – et seize blessés est provisoire. Le pasteur a été arrêté à Dar es Salaam alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays.

Pierre FRANÇOIS

* La théologie de la prospérité (encore dite évangile de la prospérité, évangile de la santé et de la richesse, évangile du succès ou encore foi en la semence) est un courant qui remonte à la fin du XIX siècle et qui considère que la Bible est un contrat qui lie Dieu et les humains : si ces derniers ont la foi, alors Dieu leur offrira la prospérité (ou la guérison, pour certains mouvements pentecôtistes). Elle est apparentée au mouvement de la « Nouvelle pensée (new thought) » né dans les années 1880 aux États-Unis. Certains évangélistes ont fondé cette théologie sur deux passages de l’Évangile : « demandez et vous recevrez » et « donnez et il vous sera rendu ».

Cette dernière citation ouvrait la voie à une exigence de dons en argent (et éventuellement de dîme) de la part des fidèles pour leur permettre d’obtenir via l’intercession du guérisseur une meilleure situation matérielle. Ce système a eu son heure de gloire à partir des années soixante et de la mise sur pied de réseaux (onéreux) de télévision. À partir des années 2000, les Églises enseignant la théologie de la prospérité ont connu une forte croissance dans les pays en développement, surtout en Afrique occidentale et au Nigeria. Aux Philippines, c’est le mouvement El Shaddai, qui fait partie du renouveau charismatique catholique, qui a popularisé cette doctrine.

La « confession positive » est un autre pilier de cette théologie. Il s’agit, au lieu de confesser les péchés et les manques, de mettre l’accent sur les aspects positifs de la vie et de vivre dans l’optimisme.

De même, certains voient dans cette théologie le contre-pied à une insistance malsaine sur la souffrance par l’Église catholique. D’autres soutiennent que les promesses de bien-être visant les pauvres ont été spiritualisées à tort et qu’il convient de leur redonner leur vraie dimension. Un des fondements principaux de cette théologie est le livre de Malachie, non pas dans son aspect messianique, mais dans sa description des richesses promises aux croyants.

La plupart des Églises de ce courant sont indépendantes, hors des grandes confessions (voir en conflit avec elles) et marquées par un autoritarisme du fondateur. Ceci étant, si certains ont eu à répondre devant la justice de détournements de fonds à leur profit personnel, d’autres utilisent les dons pour des œuvres sociales.

L’évangélisme dominant s’oppose à cette théologie qu’il considère comme hérétique. D’autres font remarquer la contradiction avec la vie du Christ ou des apôtres, qui n’a jamais été marquée par la richesse matérielle. Sans compter que les enseignements de Jésus au sujet de la richesse sont plutôt des mises en garde… (source : https://en.wikipedia.org/wiki/Prosperity_theology)