En janvier dernier, une pièce qui avait déjà connu le succès à Avignon dans une première mise en scène, a été déprogrammée une semaine après les attentats. Son titre ? « Lapidée », car elle s'intéresse à cette torture qui a encore lieu dans une douzaine de pays. Et dont les femmes sont les principales victimes.
Laissant de côté les querelles idéologiques, on ne s'intéresse ici qu'à la valeur artistique de la pièce.
Elle relate, et l'on sent tout de suite la vraisemblance tant de la situation que des personnages, l'histoire d'une étudiante en médecine hollandaise qui tombe amoureuse d'un camarade de promotion yéménite venu étudier aux Pays-Bas, puis l'accompagne au Yémen pour exercer. Et montre comment les pressions sociales et familiales ont raison d'un homme fruste et désenchanté.
La pièce met principalement en scène cette femme et la sœur de son mari. La force du spectacle est de ne jamais tomber dans le manichéisme. Certes l'homme est lâche et a tendu un piège à sa femme européenne (qu'il continue à « aimer ») pour éviter le coût d'un divorce à l'occidentale, mais on le voit aussi dépassé par les événements et revenu de l'admiration sans bornes qu'il avait pour les pays de liberté en raison du désordre des mœurs qui y règne.
Du côté des femmes, on voit deux êtres opposés par les différences de leurs cultures devenir peu à peu complices. Il y a là une très belle démonstration de solidarité féminine au-delà des inévitables oppositions et incompréhensions.
Pour sûr, cette nouvelle mise en scène rencontrera autant de succès que celle de l'an dernier.
Pierre FRANÇOIS
« Lapidée », de, mis en scène et en lumières par Jean Chollet-Naguel. Avec Nathalie Pfeiffer, Pauline Klaus, Karim Bouziouane et la voix de Roland Giraud. Du 3 au 26 juillet à 12 h 50 au festival off d'Avignon au Théâtre au coin de la lune, 24, rue Buffon, 84000 Avignon, tél. : 04 90 39 87 29.