Exposition, peinture : « Baccarat, la légende du cristal » au Petit Palais, à Paris

Il ne vous reste que quelques jours pour vous rendre à l’exposition Baccarat. Elle raconte avec une scénographie particulièrement réussie la légende du cristal. L’espace d’exposition est structuré par de grands cercles en résille métallique. C’est un réel plaisir que de découvrir le passé de la grande manufacture du verre. On est séduit par ce savoir- faire qui fait partie de notre patrimoine. Une aventure qui dure depuis 250 ans.

En 1764, Louis XV accorde à Louis-Joseph de Montmorency-Laval, évêque de Metz, l’autorisation d’établir une verrerie dans le village de Baccarat, en Lorraine. En 1816, l’industriel Aimé-Gabriel d’Artigues, propriétaire des verreries et cristalleries de Vonêche (Belgique), acquiert la verrerie Sainte-Anne, à Baccarat. En 1819, Marie-Jeanne-Rosalie Désarnaud-Charpentier présente, lors de l’Exposition des produits de l’industrie au Louvre, une table et un fauteuil de toilette en bronze et cristal, qui seront acquis ultérieurement par la duchesse de Berry. Absolument magnifique, un travail raffiné et délicat.

Désormais, Baccarat a une place toute particulière dans la création et le travail du verre. D’exposition en exposition, sa réputation et l’excellence de son travail sont universellement reconnues.

De 1823 à 1849, Baccarat participe régulièrement à des expositions de l’industrie qui se tiennent selon les années au Champ-de-Mars, dans la Cour Carrée du Louvre ou sur les Champs-Élysées. Baccarat reçoit à plusieurs reprises la médaille d’or.

Louis-Philippe commande, en 1840, un somptueux calice d’apparat taillé en côtes plates à bouton rouge rubis et décoré de son monogramme ainsi que des verres destinés à orner les tables des dîners donnés au château d’Eu, résidence normande de la famille d’Orléans.

La première Exposition universelle parisienne, inaugurée le 19 mai 1855, se tient sur les Champs-Élysées. Le Palais de l’industrie est gigantesque. 5 millions de visiteurs pourront admirer les nombreux vases d’ornement mais aussi s’arrêter devant un grand lustre en cristal clair taillé comportant 140 lumières et deux grands candélabres portant chacun 90 bougies présentés par Baccarat.

Baccarat est aussi présent, en 1867, à l’exposition universelle sur le Champ-de-Mars. La manufacture expose des pièces monumentales dont une fontaine de plus de 7 mètres de haut, entièrement réalisée en cristal ainsi qu’une paire de vases couleur rouge rubis, communément appelés «vases Simon» dont l’exécution a demandé pour chacun plus d’un an de travail. Absolument stupéfiant !

Lors de l’exposition de 1878, au Palais du Trocadéro, au centre se tient le pavillon Baccarat où trône le temple de Mercure. C’est un magnifique kiosque de cristal, entouré d’une balustrade tout aussi translucide. Baccarat obtient le grand prix.

En 1896, lors du tour d’Europe qui mène Nicolas II et la tsarine Alexandra Fiodorovna jusqu’à Paris, le tsar renoue avec la passion de son grand-père pour le cristal de Baccarat. Il est séduit – qui ne le serait pas ? – par la majesté de ce candélabre haut de 3,85 mètres, composé de 3 320 pièces de cristal et initialement présenté à l’Exposition universelle de 1878 garni de 79 bougies. Nicolas II en demande des versions électrifiées pour ses palais de Saint-Pétersbourg.

Baccarat participe à l’Exposition internationale de l’Est de la France, à Nancy, en 1909. La manufacture expose d’imposants vases Renaissance, des torchères pompéiennes, des lustres et des candélabres étincelants. À la suite de cette exposition, l’un des vases est acheté par Ménélik II, Négus d’Abyssinie (actuelle Éthiopie). C’est en son honneur que ce modèle entre dans la mémoire de Baccarat sous l’appellation de vase dit « du Négus ».

Au XIXe siècle, apparaît une nouvelle manière de dresser la table : les verres ne sont plus apportés aux convives les uns après les autres, mais sont disposés sur la table dès le début du repas. Le cristal s’impose comme le symbole de l’art de la table. Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe, font des commandes à Baccarat et les souverains du Japon, d’Europe, de Russie prennent exemple sur les souverains français. L’exposition permet de découvrir leurs services. De pures merveilles présentées sur une immense table. On se prend à rêver de dresser une table qui soit aussi belle…

Baccarat crée un comptoir à Bombay qui lui ouvre les portes du marché indien. Les commandes les plus impressionnantes des maharadjas concernent du mobilier en cristal : des trônes, des lits ou encore des guéridons et des chaises. Le maharadja de Kapurthala puis celui de Baroda acquièrent des lustres et des services de verres richement taillés. Dans les années 1930, le maharadja de Gwalior fait ainsi réaliser un lustre à 157 lumières si imposant que le plafond du palais s’écroule sous le poids du luminaire. Le maharadja ordonne alors la reconstruction du palais dont, suivant la légende, il aurait éprouvé la solidité en faisant déambuler un éléphant sur le toit. Une bien belle histoire !

Lors de l’Exposition universelle de 1925, inaugurée par Gaston Doumergue, les cristalleries Baccarat associées à Christofle disposent d’un pavillon particulier édifié sur l’esplanade des Invalides. À l’intérieur, une grande table ovale garnie de cristaux et de flambeaux est surmontée d’un grand lustre en perles de cristal conçu par Georges Chevalier. Surprenant.

Baccarat est la première cristallerie française à proposer un vaste choix d’éléments de lustrerie. Grâce à la variété de leurs formes et à la qualité de leur taille augmentant la réfraction de la lumière, jamais des lustres n’ont été aussi étincelants. La dernière salle de l’exposition présente des lustres de toute beauté.

Si vous hésitez à aller voir cette exposition, la dernière salle avec ces lustres est une invitation au rêve. Pendant quelques minutes, prenez le temps d’oublier vos soucis… Magique !

Dominique Del Boca

Petit Palais, musée de Beaux-Arts de la Ville de Paris, Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, tél. : 01 53 43 40 00. Du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi  jusqu'à 20h. Fermé le lundi et les jours fériés. Jusqu’au 5 janvier 2015.

Photo : Dominique Del Boca.

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