« Victoire, la fille du soldat inconnu » est, en chansons, l'épopée d'une femme qui naît en 1916 et voit la condition des femmes s'améliorer peu à peu. Loin d'un personnage idéal, on est ici face à une femme de son époque, façonnée par les préjugés d'alors et des milieux qu'elle fréquente, entre une grand-mère bigote, une mère suffragette, une nounou libertaire et des amis tantôt anarchistes tantôt racistes.

Le répertoire utilisé est celui de l'époque, notamment de Mireille et de Jean Nohain, et si certains textes peuvent surprendre aujourd'hui, ils sont pourtant rendus tel qu'ils furent chantés avec enthousiasme à l'époque.

Certes, le spectacle souffre un peu de son aspect chronologique linéaire, et pourtant il accroche le public qui ne se fait pas prier pour répondre aux invites de la comédienne lorsqu'elle explique avoir besoin de figurants pour mieux rendre une ambiance.

Il présente par ailleurs de façon positive les cahots de l'Histoire entre la Grande Guerre et le tout début des années cinquante. On est touché par ces propos pleins à la fois de lucidité et de foi en l'avenir.

Enfin, la comédienne chanteuse a pris la précaution de ne faire vivre à son héroïne que des situations réelles ou hautement vraisemblables, ce qui ajoute un cachet d'authenticité à son travail. On est face à une leçon d'Histoire sociale habilement menée, aussi réaliste que tendre. Un spectacle touchant !

Pierre FRANÇOIS

« Victoire, la fille du soldat inconnu », de et avec Sylvie Gravagna. Du jeudi au samedi à 19 heures, dimanche à 15 heures jusqu'au 2 novembre au Grand Parquet, 35, rue d'Aubervilliers, 75018 Paris, Tél. : 01 40 05 01 50. Puis en tournée : le 14 novembre Salle Pierre Mendès France à Othis (77), 15 novembre à Saint-Symphorien (33), 22 novembre à Limeil (94), 5 décembre à la salle des fêtes de Bréhémont (37), 31 janvier à Machault (77).