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Théâtre : Vite, rien ne presse, par Vincent Roca

mercredi 14 novembre 2012, par Pierre François


Vincent Roca, ce saigneur des maux, fait partie des trop rares maîtres es français qui provoquent le rire en même temps que la jouissance intellectuelle.

« Vite, rien ne presse », de et par Vincent Roca, fait partie de ces spectacles aussi fins que drôles. Il y a à la fois du Pierre Dac et du Raymond Devos – il a d’ailleurs obtenu le grand prix Raymond Devos de la langue française en 2011, et joué, en 2002, en présence du grand humoriste, dans le spectacle de clôture du Festival Les Devos de l’humour à Monnaie – dans les phrases ciselées de cet auteur aussi fin que talentueux.

Sa maîtrise de notre langue est exceptionnelle. C’est simple : il y a tant de jeux de mots dans chacune de ses pensées qu’on se dit qu’il faudrait revenir trois fois à son solo pour tous les identifier et, lorsqu’on a le texte en main, on en découvre encore d’autres !

Le début du spectacle installe une ambiance étrange, instable et agréable. C’est l’écrin idéal pour mettre en valeur les maximes saisissantes de l’auteur-interprète. Lequel les répartit en dix-sept sketches successifs, qui s’enchainent sans peine.

Rien ne lui fait peur, ni le jeu (« Un jour, Ravel, le grand musicien, régurgita ses champignons, des bolets, dans un formidable rot musicalement très riche »), ni la saillie (« Le silence après Mozart, c’est encore du Mozart. Le silence après Clayderman, c’est de l’assistance à personne en danger ! Quand AZF a explosé, cela a fait un très grand bruit. Quand on a demandé au propriétaire de l’usine de s’expliquer, cela a fait un très grand silence : un silence Total »), ni le détournement d’un mot pour le plaisir de jouer avec une vraie ou quasi homonymie (« calandre grecque, jantes demoiselles... »), ni l’invention d’un autre pour le plaisir de l’assonance ou de l’allitération (« [Jeanne d’Arc] entendit des vocifères débridés, enfourcha son mammifère équidé, bouta les pestifères ongulés hors de l’hémisphère francidé... »). Il pastiche même à deux reprises – et avec un succès certain – le Pater. Une première fois sur le thème de la kinésithérapie (« Notre kiné qui êtes osseux, que nos articulations soient certifiées... ») et la seconde sur celui de l’internet (« Notre très haut débit qui est dans l’air, que ta grande vitesse soit sanctifiée... »). Signe de talent : quel que soit le sujet d’amusement – politique, religieux, sociétal... – il sait toujours faire rire sans jamais brocarder.

Enfin, en démocrate, il distribue ses bons mots aussi bien à Paris (chaque dimanche jusqu’à fin décembre) qu’en régions (le reste de la semaine [1]).

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Vite, rien ne presse », de et par Vincent Roca, mis en scène par Gil Galliot. Tous les dimanches à 17 h 30 jusqu’au 30 décembre au théâtre du Petit Hébertot, Paris (Tél. : 01 42 93 13 04). Le 7 février à L’Echiquier (Pouzauges), le 13 février à l’Espace Michel Simon (Noisy-le-grand), le 23 février à la salle des fêtes (Trelon), le 23 mars à la MJC théâtre (Colombes), le 18 avril à Cesson-Sévigné.


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