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Théâtre : Vagabonds des mers

mercredi 17 avril 2013, par Pierre François


« Vagabonds des mers, un conte musical fantastique » [1] est un spectacle surprenant, inclassable et habité. Il dit être un cabaret expressionniste qui s’apparente à la famille du « réalisme merveilleux », et c’est bien le cas [2].

On est en un lieu indéterminé, a priori la taverne d’un port, et un piano fait entendre un air méditatif. Alternativement, un récitant raconte une histoire de mer, avec d’emblée une dimension de mystère. De dialogue alternatif au début, les expressions orales et musicales se fondent petit à petit en canon, sans néanmoins qu’aucune des deux ne gêne l’écoute de l’autre. Et la méditation devient de plus en plus vivante, heurtée souvent par les événements qui surviennent au malheureux capitaine.

De la même façon, les rôles du pianiste et du conteur – car il s’agit bien d’un conte qui nous est livré, avec le suspense et les étonnements que comporte toujours de genre de texte – deviennent de moins en moins tranchés. Si le comédien livre toujours une dimension grave et le musicien son pendant comique, ils communiquent de plus en plus – le pianiste se mettant à donner la réplique au conteur qui devient chanteur – et entretiennent l’unité de l’atmosphère créée. Les péripéties du récit sont soulignées par les effets de lumière et de brume, mais sans excès : on n’est pas dans l’illustratif mais bien dans un allusif qui fait ressentir les mouvements intérieurs du héros, et même les pantomimes extraordinaires du récitant procèdent de cette logique. Bref, on est emmené ailleurs, dans un monde mystérieux et symbolique où le temps se replie sur lui même, c’est un pur délice pour tous ceux qui ont la fibre poétique.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Vagabonds des mers, un conte musical fantastique », de et avec Yanowski et Fred Parker, mis en scène par Sarkis Tcheumlekdjian. Du mardi au samedi à 19 heures au Théâtre Michel, 38, rue des Mathurins, Paris 8e, métro Havre-Caumartin, Rer Auber, tél. : 01 42 65 35 02.

[2] Dans le « réalisme merveilleux », le récit suit une trame réaliste teintée par l’émerveillement de l’auteur. C’est par exemple le cas de La Trilogie de Pan, de Giono. Il est à distinguer du « réalisme magique » dans lequel des événements ludiques impossibles se glissent dans une trame tout aussi réaliste sans que le narrateur en soit gêné, comme dans Le Passe-Muraille, par exemple.


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