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Theâtre : "Un Platonov" et "Trois soeurs"

jeudi 18 mars 2010, par Pierre François


« Un Platonov » et « Trois sœurs » [1]sont deux pièces de Tchekov qui sont données trop brièvement (dernière le 4 avril) au théâtre de l’Opprimé. Car si Serge Lipszic connaît le succès que l’on sait avec la mise en scène de « Désiré » à La Michodière, cela ne l’empêche pas de venir faire dans ce petit théâtre le grand écart thékovien après avoir renouvelé le style vaudevillesque de Guitry. Grand écart dans la mesure où il s’attaque à la première et à l’avant-dernière pièce (la dernière étant « La Cerisaie ») de l’auteur russe, lesquelles abordent les mêmes thèmes. Du coup, assister à l’intégrale (chaque samedi) est un exercice très enrichissant pour se rendre compte de l’évolution de son écriture.

Ainsi se rend-on compte combien « Un Platonov » est une pièce de jeunesse et « Trois Sœurs » celle d’un auteur en pleine maturité. Le mérite de Serge Lipszyc est de mettre en évidence ce fait sans rendre « Un Platonov », que l’on pourrait très schématiquement présenter comme un « Dom Juan » russe, trop brouillon pour autant. Au contraire, on va de crise en crise, de malaise en malaise sans que personne ne soit réellement maître du jeu : les trois chemins proposés par la vie sont qu’ « à droite, tu te fais bouffer par les loups, à gauche tu bouffes les loups, tout droit tu te bouffes toi-même ». On est d’autant plus impressionné par ce monde (« on s’entend très bien : elle est bête et je ne suis bon à rien », « le bonheur personnel, c’est de l’égoïsme ; le malheur, c’est de la vertu ») dans lequel violence, argent et alcool sont omniprésents qu’il sort moins de l’imagination d’un auteur que des notes et observations consignées par un médecin...

Dans « Trois Sœurs », le propos est le même, l’éclatement d’une famille et l’agonie d’un modèle social, ce qui s’explique facilement si on rapproche la date de rédaction (1901) de celle de la révolution russe (1917). Mais rien ne l’obscurcit, la démonstration est aussi passionnante que prenante. On est embarqué sans faiblesse dans ce typhon social. Bref, Tchekov est ici présenté de façon aussi didactique qu’incarnée. Merci.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Anton Tchekov, Un Platonov / Trois Sœurs, de Tchekov. Trois Sœursjusqu’au 21 mars, Un Platonov du 24 mars au 4 avril, diptyque chaque samedi à 16 heures et 20 heures au Théâtre de l’Opprimé, 78-80, rue du Charolais, 75012 Paris, tél. : 01 43 40 44 44. Avec Bruno Cadillon, Gérard Chabanier, Juliane Corre, Judith d’Aléazzo, Valérie Durin, Pierre Ficheux, Catherine Ferri, Stéphane Gallet, Michèle Gaulupeau, René Jauneau, Julien Léonelli, Serge Lipszyc, Sylvain Méallet, Patrick Palmero, Elsa Rosenknop, Marc Ségala.


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