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Théâtre : Les Indifférents (comédie musicale)

jeudi 18 mars 2010, par Pierre François


« Les Indifférents » [1] est une comédie musicale, donc un spectacle plein de bons sentiments et d’approximations avec la réalité de la vie. Il faut accepter cette règle du jeu avant d’aller le voir. En particulier en ce qui concerne l’homosexualité, joyeusement assimilée à la transsexualité ou à la bisexualité, et qui est un des ressorts principaux du spectacle.

En effet, le fond du propos consiste à plaider pour un gommage des différences aboutissant à l’indifférence, ici sans doute assimilée à la tolérance. On met donc en scène un travesti, un fumeur, une obèse, une noire, un bègue et on va tous les faire évoluer vers une issue heureuse. Tous, sauf que la noire ne trouve pas d’âme-sœur et est priée de retourner en Afrique retrouver ses racines.

Analysons le discours subliminal, qu’il soit conscient ou non, Le fumeur cesse de fumer et trouve le bonheur (à travers la reconnaissance de sa bisexualité), l’obèse (en fait enceinte mais en déni) se sent reconnue à travers la reconnaissance de son enfant par le père, le bègue qui avait perdu sa sœur et engrossé une femme perd son handicap en reconnaissant ces faits et en en tirant les conséquences, le transsexuel rejeté par la société trouve l’amour de son ami bisexuel. Et la noire adoptée par des blancs repart en Afrique découvrir qui elle est.

Il semble donc que, encore une fois consciemment ou non (et sans qu’il y ait là le moindre procès d’intention à l’égard de l’auteur), il soit parfaitement admis qu’on puisse être homosexuel (c’est le seul personnage qui n’a pas besoin de se remettre en cause pour évoluer), un peu moins qu’on puisse être femme (le bonheur n’arrive que par le canal indirect de la maternité, pas de la féminité reconnue) ou bègue (le mal cesse par la reconnaissance d’évènements pas - la mort d’une sœur - ou peu - mettre enceinte - volontaires) , encore moins qu’on puisse être dépendant de la cigarette (le fumeur doit cesser de fumer, et assez rapidement dans le déroulement de la pièce), enfin impensable qu’on puisse être noire et parmi les blancs (elle ne peut retrouver son identité qu’en Afrique).

Quand on réalise que cette pièce a reçu le soutien de la Fondation Beaumarchais et de la Région Ile de France dans le cadre de la lutte contre les discriminations, on réalise en même temps quels sont les racismes socialement admis ou non aujourd’hui.

Ceci étant posé, on a là une comédie musicale très originale, avec des chanteurs qui chantent réellement bien (ce qui n’est pas toujours le cas, cf Grease), de belles projections vidéos (la scène des messages sur répondeur est criante de vérité) parfaitement en phase avec le jeu et le texte, une scénographie riche et des cabines transparentes qui représentent un réel coup de génie. Le vocabulaire est régulièrement à la limite de la vulgarité, mais c’est une option comme une autre. Enfin les comédiens, s’ils incarnent leur rôle de façon parfois outrée, provoquent l’empathie du spectateur, spécialement le personnage du bègue.

Reste la question du message...

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Les Indifférents, de Camille Turlot et Eric Szerman. Avec Virginie Bracq, Nelly Celerine, Emmanuel Curtil, Fabrice Fara, Camille Turlot, Eric Szerman. Mise en scène de Stéphane Cottin. Au théâtre Daniel Sorano, 16, rue Charles Pathé, Vincennes jusqu’au 18 avril. Réservations : 01 43 74 73 74.


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