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Musées : et le handicap ?

mercredi 12 décembre 2007, par Pierre François


Le département de Seine et Marne dispose de cinq musées et l’homme a cinq sens. Dans une époque où on fait de plus en plus attention pour rendre les lieux publics accessibles aux handicapés, le département a donc choisi de privilégier un handicap par musée. Dans le même temps chaque musée a reçu pour tâche de devenir spécialiste pour les autres de l’accueil d’un type de déficience.

Trois expositions en cours montrent comment, dans ce contexte, des musées spécialisés pour l’accueil d’un handicap ont pu mettre en place des expositions plutôt adaptées à un autre.

La maison de Mallarmé est une demeure à étage classée, relativement exiguë et comportant sur son arrière un beau jardin planté de pommiers de toutes essences. Il n’était donc pas envisageable de la rendre accessible aux fauteuils roulants. L’accentuation a alors porté sur l’ouïe : une des guides a appris la langue des signes et le musée est muni d’une boucle magnétique. Mais l’exposition qui s’y tient [1] a eu pour souci de n’exclure aucun âge, aucun public. Dans une pénombre savamment dosée, des objets loufoques, dont certains ont parfois existé, sont légendés par des vignettes dont le sérieux n’est absolument pas garanti. De la « conque à réciter des poèmes » à la « visionneuse à cauchemar » en passant par la « caverne des dieux rémanents » de Jung ou le « paleophone » (ancêtre du gramophone), c’est le handicap le plus partagé qui est interrogé : celui de la capacité au bon sens. Bénéfice direct de l’atmosphère de doute induite, cette exposition a pour vertu de faciliter le dialogue entre les visiteurs.

Le musée de la préhistoire de Nemours, qui a été construit avec des équipements d’accessibilité pour le handicap moteur, a voulu permettre à chacun de se rendre compte de ce que c’est que de vivre sans voir. L’exposition actuelle [2] sur les objets de la vie quotidienne de nos ancêtres d’il y a dix mille ans se déroule avec un bandeau sur les yeux et un audiophone aux oreilles, qui explique ce qu’on est en train de toucher. Certaines sensations sont étranges, on perd la notion d’échelle, mais il y a là une façon d’appréhender les objets tout à fait enrichissante.

Enfin, le musée départemental de Saint-Cyr-sur-Morin, qui est pilote pour le handicap mental, a mis en place une exposition olfactive sur la fabrication du fromage de Brie [3]. En effet, des diffuseurs d’odeur sont placés à plusieurs endroits de l’exposition, qui délivrent les odeurs du lait aux différents stades de sa transformation. De ce fait (et aussi à cause de l’aménagement de la salle d’exposition), on a plus l’impression de se promener dans un atelier de fabrication que dans un musée. Là aussi, on peut toucher un certain nombre d’ustensiles. Les textes des cartels sont courts et en gros caractères. Et les vidéos sont sous-titrées pour être accessibles aux malentendants, ce qui rend service à tout le monde dès qu’il y a un peu de foule. Car penser au handicap, c’est aussi rendre la vie plus confortable pour tous. À cet égard la maquette tactile du jardin du musée Bourdelle ne rend pas non plus service qu’aux mal-voyants.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Micmacrocosmes, collection d’objets insolites et merveilleux », jusqu’au 23 décembre au musée départemental Stéphane Mallarmé à Vulaine-sur-Seine.

[2] « Ferme les yeux pour voir la préhistoire », jusqu’au 31 décembre au musée départemental de Préhistoire d’Ile-de-France à Nemours

[3] « Fromage de Brie », jusqu’au 31 août 2008 au musée départemental des pays de Seine-et-Marne à Saint-Cyr-sur-Morin.


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