holybuzz
Accueil du site > Art et Culture > Musées > Merveilleux Palais des Arts et Traditions de Madagascar

Merveilleux Palais des Arts et Traditions de Madagascar

lundi 15 avril 2013, par Pierre François


Montélier, 3172 habitants en 2006. Ses remparts (encore partiellement debout). Son église saint-Prix de la fin du XIXe siècle. Son château de Monteynard, agrandissement d’une ancienne maison forte médiévale. Sa Rotonde de Montmusard, château circulaire du XIVe siècle. Sa chapelle de Fauconnières, du XVIIe siècle. Sa promenade des fontaines. Son jardin sémaphore. Sa gare désaffectée depuis la Libération. Rien de bien excitant, a priori...

La surprise vient plutôt du côté des visiteurs illustres : la fée Mélusine, qui a donné son nom à une école, mais aussi le Président de la République malgache, en 2006, et le directeur du département informatique de la capitale du même pays, en 2011. Comment ces hautes autorités se sont elles égaillées dans une si petite commune, qui vit dans l’ombre de Valence.

C’est qu’on y trouve un musée unique en Europe, le « Palais des Arts et Traditions de Madagascar » [1], consacré justement à cette île qui n’est ni africaine ni asiatique. Fondé par une native du pays en 1978, agrandi en 2003, il suscite ce commentaire de la part d’un de ses visiteurs sur le site de Tripadvisor : Musée très complet, un couple vous accueil dans toute sa simplicité et vous propose un véritable voyage dans le pays d’origine de madame. On y découvre tout le pays du nord au sud, leur traditions et rituels, l’artisanat malgache et leur savoir faire. Dommage qu’ils ne fassent pas plus de pub, mais je vous le conseille. Très agréable et ludique.

Aussitôt arrivé, on est effectivement plongé dans un contexte particulier, qui dit la fierté d’une culture à travers tous les thèmes abordés au cours des salles traversées. Musée des arts et traditions populaires, il mêle les objets historiques à ceux plus contemporains réalisés sur commande du musée d’après photo, à des pièces uniques, ou à ce spectaculaire pousse-pousse dont le seul transport fut toute une aventure. Il n’est pas le seul dans ce cas : on y trouve aussi des spécimens de faune ou de flore (bénitier, corail) désormais interdits de sortie du territoire.

Chaque salle a sa spécialité. La première commence par situer le pays géographiquement et historiquement : longueur du pays (1580 km), hauteur du plus haut sommet (2886 m), différences climatiques de part et d’autre de l’arête montagneuse, contexte de l’indépendance (avec une collection philatélique unique au monde, qui commence par un nombre impressionnant d’enveloppes premier jour de cette date), succession des dirigeants (et des coups d’État), lieux privilégiés (comme l’île sainte-Marie où les baleines viennent mettre bas), cultures (tout ce que nous connaissons, sauf la cerise, et plus encore...), histoire de l’arrivée et de la cohabitation entre les populations indiennes, africaines et malaises...

Une seconde salle met en valeur l’artisanat du pays. On y remarque la présence de rares poteries blanches. Qu’il s’agisse des ressources minérales ou agricoles, la relation est systématiquement faite entre la culture et le produit fini qui en découle, avec ses qualités spécifiques. C’est, par exemple, le riz dont la paille ensuite teintée est imputrescible. Ou le raphia qui permet autant de fabriquer de l’alcool (à partir des graines) que des chemises (avec la fibre). En matière de coloration, la latérite bouillie donne le rouge ou le safran du curry le jaune. La chambre à air se recycle en sandale ou en tampon encreur. On dans une économie qui ne gâche rien, le meilleur exemple étant sans doute le zébu qui sert à tout, jusqu’à avoir un rôle religieux.

Certaines pratiques artisanales sont inattendues, comme la dentelle, qui fut enseignée par les religieuses au XIXe siècle. Ou l’élevage du ver à soie combiné avec celui d’une araignée qui, elle aussi, produit un fil de la même nature.

À côté de ces spécificités, on découvre aussi tout un jeu d’influences : les instruments de musique qui ont une parenté avec les indonésiens, les chapeaux qui évoquent le monde arabe...

Mais pourquoi vouloir raconter ce musée, alors que le plus remarquable ne se visite pas : c’est la qualité de l’accueil et la démarche de ses fondateurs, qui ont patiemment constitué un trésor tout en y associant les Malgaches du pays. Démarche qui va jusqu’à la prise en charge d’une école dans le sud désertique de l’île. C’est cela, paraît-il, qu’on appelle une entreprise éthique ou responsable. Un gargarisme qu’on se sert quand on n’ose pas parler de solidarité ou de fraternité, alors pourtant qu’il s’agit bien de cela, sans aucune contestation possible !

Pierre FRANÇOIS

Notes

[1] Musée de Madagascar, Avenue de Provence, 26120 Montélier, Tél. : 04 75 59 97 61, info@museedemadagascar.com. Ouvert tous les jours de 9h30 à 12h00 et de 14h00 à 19h00 sauf dimanche matin. De janvier à fin février, ouvert les après-midi seulement, de 14h00 à 18h00 (les groupes sont reçus en semaine sur réservation). Fermeture annuelle : 25, 26, 27 décembre et 1, 2, 3, 4 janvier. Tarif : adultes 6.00 €, jeunes 5.00 €.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette