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Prix littéraire : celui que personne ne recherche

jeudi 29 novembre 2007, par Pierre François


En cette saison où les prix littéraires tombent comme les feuilles des arbres, l’Académie de la carpette anglaise n’a pas manqué à sa mission de défense du français dans la bonne humeur (relative, depuis le changement de président de la République) en remettant le 21 novembre dernier son prix à des personnalités qui n’en demandaient pas tant à l’issue d’un repas au… buffet de la gare d’Austerlitz.

Rappelons que le prix de la Carpette anglaise est décerné chaque année « à un membre des élites françaises qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française ».

Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants de l’Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française [1], l’Avenir de la langue française [2], du Cercle des écrivains cheminots [3], de Défense de la langue française [4] et du Droit de comprendre [5]. À ces membres traditionnels avait été ajouté pour la première fois un représentant du monde syndical en la personne de Jean-Loup Cuisiniez [6], délégué CFTC qui œuvre depuis plusieurs années pour le droit de travailler en français en France, notamment sur les programmes informatiques, et contre les discriminations linguistiques à l’embauche.

Les candidats pour le prix ainsi que le prix spécial à titre étranger ne manquaient pas.

En tête de liste au titre de la France, on trouvait l’hôpital Jean Monnet d’Épinal qui a piloté pendant plusieurs années ses appareils de radiothérapie avec un logiciel en anglais, ce qui a conduit à l’irradiation excessive de centaines de personnes, dont cinq sont mortes et dix-neuf gravement handicapées.
Suivait le couple formé par Valérie Pécresse (ministre de l’enseignement supérieur) et Jean-Pierre Jouyet (Secrétaire d’État chargé des questions européennes) pour avoir fait la promotion du protocole de Londres dans un article publié en septembre 2007.
Pour le même motif, Jean-Marie Bockel (secrétaire d’État à la Francophonie) faisait aussi un candidat paradoxal mais possible.
Deux autres ministres figuraient dans cette liste : Xavier Darcos (Éducation nationale) pour avoir promu le bilinguisme au lieu du plurilinguisme et Christine Lagarde (Économie et Finances) pour correspondre avec ses services en anglais.
En queue de liste, on trouvait de façon assez surprenante la société Peugeot, qui avait lancé une campagne de communication intitulée « Blue Lion ».

À titre étranger, il n’y avait que trois candidats. En tête de liste, on trouvait Christine Albanel (ministre de la Culture et de la Communication) pour avoir lancé une « réflexion » sur les synergies possibles entre TV5 Monde, France 24 et RFI sans y associer nos partenaires suisses, canadiens et belges sans lesquels TV5 Monde ne serait pas ce qu’elle est.
Suivaient Jacques Barrot (vice président de la commission européenne) qui a favorisé une directive imposant aux pilotes d’avion français de parler anglais en France et entre français, et la police de Genève pour avoir diffusé une publicité intitulée « United Police of Geneva ».

C’est au second tour de scrutin que le prix au titre de la France a été décerné à Christine Lagarde par huit voix contre quatre à Jean-Marie Bockel. Et en ce qui concerne le prix spécial à titre étranger, le jury a voulu marquer sa solidarité avec les Suisses romands : c’est donc la police de Genève qui a reçu le prix « d’indignité civique » à ce titre.

Si les années précédentes on notait une certaine bonhomie au moment de la remise du prix, cette année les fronts étaient plus plissés. Il n’est pas incongru de rapprocher ce fait du nombre de candidats membres du gouvernement…

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Asselaf, www.asselaf.org, asselaf.neuf.fr, 22, rue François-Miron, 75004 PARIS. courriel : asselaf@wanadoo.fr

[2] ALF, http://pagesperso-orange.fr/avenirlf, www.avenirlanguefrancaise.org/, 34bis, rue de Picpus, 75012 Paris

[3] CLEC, http://clec.uaicf.asso.fr/, 7-9 rue du Château-Landon - 75010 Paris

[4] DLF, http://www.langue-francaise.org/, 222, avenue de Versailles 75016 Paris

[5] DDC, http://pagesperso-orange.fr/avenirlf/DDC/Presentation.htm, 34bis, rue de Picpus, 75012 Paris.

[6] jln.cuisiniez@orange.fr


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