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Gauthier de Costes, amuseur public

lundi 24 novembre 2008, par Pierre François


Gauthier de Costes, mort un 22 octobre (1663) fut… un amuseur public. Originaire du Périgord, il naît au château de Toulgou vers 1610.

Doué pour les études, il est envoyé à Toulouse faire son Droit. C’est là qu’il rédige La mort de Mithridate, qui ne sera jouée qu’en 1636. Entre temps, en 1632, il monte à Paris car il s’est engagé comme cadet dans le Régiment des Gardes du Roi. Là, il devient la coqueluche des dames d’honneur de la Reine qui préfèrent manquer à leurs obligations plutôt que de rater une des histoire qu’il raconte avec verve et humour. Anne d’Autriche se plaignant à ses femmes de ce qu’elles ne se rendaient pas exactement à leur devoir, elles répondirent à Sa Majesté qu’il y avait un jeune homme, dans la première salle de ses appartements, qui contait les histoires du monde les plus amusantes, et qu’on ne pouvait s’empêcher de l’écouter, ce qui donna curiosité à la reine de le voir et de l’entendre ; elle en fut si satisfaite qu’elle lui donna une pension. C’est au tour du roi, en 1650, de l’élever au rang de gentilhomme ordinaire de sa chambre.

Qu’écrivait Gauthier de Coste de si comique, et oublié aujourd’hui ? Des romans et des pièces de théâtre. Ses romans furent – c’était alors la grande mode, avec d’Urfé comme chef de file – dans le genre précieux et pastoral. Boileau lui reproche une prolixité excessive. Son Cassandre (1642 – 1645) faisait dix volumes et son Cléopâtre (1647 – 1658) treize…

Marie de Sévigné elle-même, après avoir dit que le style de “La Calprenède” est maudit en mille endroits ; de grandes périodes de romans, de méchants mots est bien obligée de confesser que je n’ose pas vous dire que je suis revenue à “Cléopâtre”, à ce “La Calprenède”, et que, par le bonheur que j’ai de n’avoir point de mémoire, cette lecture me divertit encore. C’est que, analyse-t-elle, le caractère m’en plait beaucoup plus que le style. Pour les sentiments, j’avoue qu’ils me plaisent et qu’ils font d’une perfection qui remplit mon idée sur la belle âme. Vous savez aussi que je ne hais pas les grands coups d’épée… La beauté des sentiments, la violence des passions, la grandeur des événements et le succès miraculeux des redoutables épées des héros, tout cela m’entraîne comme une petite fille. Elle n’est pas la seule à succombe ainsi : Condé, Fouquet, Mademoisellle de Scudéry ou Molière firent aussi partie de ses lecteurs assidus. Sans doute parce qu’il est le précurseur du roman historique qui trouvera son plein épanouissement sous la plume d’A. Dumas.

Pour le théâtre, cet auteur à l’imagination féconde et brillante écrit notamment en 1639 Le Comte d’Essex, qui eut le mérite d’être apprécié par Pierre Corneille… et d’inspirer son frère Thomas pour sa tragédie éponyme. Ses pièces étaient également prisées par Richelieu. Il écrivit une dizaine de pièces : Bradamante (1637), Clarionte, ou le sacrifice sanglant (1638), Jeanne d’Angleterre (1638), Le Comte d’Essex (1638), La Mort des Enfants d’Hérode, ou suite de la Marianne (1639), Édouard, roi d’Angleterre (1640), Phalante (1642), Herménégilde (1643), Bélisaire (1653).

Ses romans suivront sa production théâtrale, avec, outre Cassandre et Cléopâtre, Faramond, ou l’histoire de France et Les Nouvelles ou les Divertissements de la princesse Alcidiane sous le nom de sa femme (1661), ainsi que son Silvandre, perdu. Détail amusant : lors de son mariage le 6 décembre 1648, sa fiancée Madeleine de Lyée, dame de Saint-Jean-de-Livet et du Coudray, une jeune veuve folle de ses romans avait fait insérer comme condition du mariage dans le contrat le fait qu’il termine sa Cléopâtre, alors en suspens à cause d’une querelle avec les libraires.

Pierre FRANCOIS


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