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Anti-prix littéraire : la Carpette anglaise 2008 est décernée

jeudi 27 novembre 2008, par Pierre François


Ce 26 novembre a été décerné à Paris le « prix de la Carpette anglaise », remis par l’Académie du même nom. L’Académie de la carpette anglaise est constituée de membres de quatre associations de défense du français [1] aussi actives que minoritaires dans un pays dont les élites se targuent désormais de ne plus vouloir considérer l’anglais comme une langue étrangère. Elles ont su éviter l’écueil de passer pour des passéistes en prenant l’option de la parodie. Ainsi le prix est-il proclamé à l’issue d’un déjeuner dans un restaurant (en fait, le buffet d’une des gares ferroviaires de Paris). Cela n’exclut pas pour autant le sérieux puisque pour réussir à obtenir cette distinction bien peu convoitée il est non seulement requis d’être l‘instrument acharné de l’envahissement de l’anglo-américain en France, mais aussi de se signaler parmi les « responsables de l’aplatissement des identités nationales, de la démocratie et des systèmes sociaux humanistes ».

Cette académie qui sait mettre les rieurs de son côté compte en son sein des personnalités de poids, dont quelques académiciens, anciens ministres ou ambassadeurs. On y voit, par exemple, les immortels Angelo Rinaldi ou Jean Dutourd voisiner avec André Vivien ou Albert Salon. Ils ont récemment commencé à s’ouvrir à un milieu et une génération différents des leurs. Ainsi y voit-on désormais le quadragénaire Jean-Loup Cuisiniez, délégué syndical à la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens, qui est à l’origine de plusieurs procès (gagnés) pour exiger la francisation des programmes informatiques sur lesquels travaillent les salariés.

Le prix a été attribué au premier tour de scrutin par onze voix contre deux à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur pour avoir encouragé les cours en anglais à l’Université, contrairement à la loi Toubon (qui les prévoyait de façon limitative) et au traité de l’Élysée de 1963.

Le prix spécial du jury à titre étranger a été décerné au premier tour de scrutin et par douze voix contre une à Eurostat, organisme dépendant de la Commission européenne et chargé d’harmoniser les statistiques, qui a abandonné la publication en français et allemand de son bulletin Statistiques en bref depuis avril 2008, ne conservant que l’anglais.

Parmi les prétendants possibles à ce titre, on notait la présence de Bernard Kouchner pour avoir donné en tant que ministre des Affaires étrangères un entretien (sur la question d’une frappe militaire préventive de l’Iran) au journal israélien Haaretz en anglais. Lequel était si compréhensible qu’il y eut une confusion entre « to eat » (manger) et « to hit » (frapper)…

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Avenir de la langue française » qui milite pour la promotion du français par des moyens politiques, a pour président Albert Salon, ancien ambassadeur de France et pour vice-président Alain Vivien ancien ministre. Elle est située 34 bis rue de Picpus, Paris-12e. « Défense de la langue française » milite pour un usage « sans laxisme ni purisme » de la langue, est la continuation et l’extension du « Cercle de presse Richelieu » créé par Paul Camus en 1954 et est présidée par Jean Dutourd, de l’Académie française. Son siège est 222, avenue de Versailles, Paris-16e. « Le Droit de comprendre » traduit en luttes pratiques les orientations des précédentes, à travers une sensibilisation des différents publics à la question du français et la mise en œuvre de procédures amiables ou judiciaires destinées à faire respecter les lois protégeant l’usage du français. Présidée par Thierry Priestley, elle est également sise au 34 bis rue de Picpus. L ’« Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française » qui a pour président celui de l’Académie, se joint enfin aux trois précédentes.


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