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Théâtre : Queue de poissonne

Pierre François — 2013-10-20T10:27:34Z

« Queue de poissonne » [1] est un vrai spectacle pour le jeune public : il forme le goût, émerveille, raconte une vraie histoire et réveille le cœur d'enfant des accompagnateurs.

L'histoire, c'est celle, connue de tous, de « La Petite sirène » d'Andersen. Elle est rendue compréhensible pour ceux qui ne la connaissent pas encore et est évoquée de façon suffisamment poétique pour que ceux qui l'ont déjà entendue la savourent encore plus.

La racine de la poésie de cette pièce tient en quatre mots : lumière, marionnette, danse et musique.

La lumière parce qu'elle fait plus qu'accompagner l'ambiance du spectacle : elle en est un des éléments fondamentaux, qui fait ressortir la beauté autant qu'elle dissimule les astuces techniques, et notamment les changements de marionnettes.

Les marionnettes, qu'on ne compte plus, qu'il s'agisse de personnages complets ou de membres évoquant un corps entier. Elles sont toutes évocatrices de l'émotion que le récit est en train de porter à ce moment-là, qu'il s'agisse de la beauté séductrice du prince ou de la gravité inquiétante des habitants de la mer mettant en garde la sirène contre l'échange de sa queue contre des jambes.

Tous ces moments ainsi que les mouvements de la mer sont plus qu'évoqués avec grâce, ils sont en fait chorégraphiés de sorte que ce qui est au départ un impératif de jeu devient une beauté poétique de plus.

Cette beauté est enfin soutenue par une musique à l'accordéon et un chant qui entrent en dialogue avec tout ce qui se passe sur scène. Un grand moments pour petits... et grands.

Pierre FRANÇOIS

[1] « Queue de poissonne », d'après « la Petite sirène » de Hans Christian Andersen. Mise en scène d'Ilka Schönbein. Conception, marionnette, jeu de Laurie Cannac. Jusqu'au 3 novembre du vendredi au dimanche au Théâtre du grand parquet, Jardi d'Eole, 35, rue d'Aubervilliers, 75018 Paris, métro Stalingrad, tél. : 01 40 05 01 50.

Théâtre : Écrits de M. Girardot de Nozeroy, ou des ré-épousailles d'avec son corps

Pierre François — 2013-10-17T09:03:45Z

Dans les « Écrits de M. Girardot de Nozeroy, ou des ré-épousailles d'avec son corps » [1], seul le titre est raté, le reste est extra-ordinaire ! Le talent du comédien est tel qu'il pourrait lire le bottin téléphonique et susciter la même attention et le même suspense chez le spectateur. La langue du texte est celle du XVIIe siècle, mais parfaitement compréhensible et sans lourdeur. La sobriété de la pièce est telle qu'elle évoque plus une lecture qu'un spectacle mis en scène (alors qu'il l'est, évidemment).

Le propos est parfaitement contemporain : on est en plein épicurisme, non pas au sens dévoyé que l'on trouve dans les sites de rencontre, mais dans son acception philosophique, celle qui faisait dire à Sénèque, stoïcien, que la morale de son collègue végétarien était « saine, droite et même austère pour qui l'approfondit ». L'équilibre prôné entre le corps et l'esprit rappelle les philosophies orientales qui se répandent actuellement.

En sept tableaux, le comédien aborde autant de thèmes d'une actualité frappante, tournant tous autour de la découverte et de l'écoute de soi en faisant confiance aux sens, notamment la vue, pour nous rendre compte de la réalité du monde, certains passages rendant hommage à Saint François d'Assise (tout en se disant athée). Jusqu'à arriver à cette triple découverte : rien n'est bon ou mauvais en soi, la peur est à la racine du plaisir, le bien suprême est la solitude.

Pierre FRANÇOIS

[1] « Les Ecrits de M. Girardot de Nozeroy ». Avec Christian Pageult. Jusqu'au 19 octobre au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e, tél. : 01 45 44 57 34.

Musique : Les Nuits de Champagne avec Tryo

Pierre François — 2013-10-17T08:55:31Z

Il est professeur de musique dans un collège catholique et participe depuis une demi-douzaine d'années aux Nuits de Champagne [1] . En plus de son enseignement, il anime une chorale chaque semaine, et a bien remarqué l'intérêt des élèves pour participer à celle – de sept cent cinquante participants, tout de même ! – qui ouvre la semaine des Nuits de Champagne, manifestation nationale suivie notamment par France Musique. Mais il y a un quota de participants à ne pas dépasser, mais pour autant la sélection n'est pas élitiste : il s'agit autant d'une aventure pédagogique que musicale, et parfois il faut un peu pousser les timides...

Ce qui n'empêche pas monsieur Leroy de bien préciser qu'il ne s'agit pas de déserter la chorale du collège dès la fin des Nuits de Champagne, mais bien de s'y inscrire pour l'année.

Pour se préparer à l'événement, il y a des réunions entre les enseignants et les chefs de choeur. Il s'agit alors de se familiariser avec les partitions et leurs arrangements. Chaque professeur repart ensuite travailler avec sa propre chorale durant deux mois. C'est le mardi précédant la date de la chorale « L'aube à l'unisson » que ces derniers passent le relais à ceux qui dirigeront les chorales scolaires de tout le département le jour dit. Cette année il y aura cinq chansons polyphoniques à deux voix. Deux chefs dirigeront le choeur d'élèves et un autre fera chanter le public.

Plusieurs nouveautés marquent cette édition.
D'une part, les professeurs de musique formeront un choeur particulier qui interprétera deux chansons au lieu d'être au milieu de la foule comme par le passé. Il y avait une demande des élèves pour cela, liée au désir de voir leurs maîtres à l'oeuvre.
Une autre nouveauté tient à l'image du groupe invité de cette année, Tryo, qui est plus connu des grands du collège que de leurs parents, alors que, musicalement, il gagne à être connu et aborde des thèmes intéressants.
Enfin, ce groupe chantera avec les élèves, et cinq d'entre ces derniers, encore une primeur, présenteront la soirée.

D'un point de vue technique, s'il peut être plus facile de se fondre dans la voix d'un grand groupe plutôt que de faire attention à se différencier des autres voix d'une petite chorale, le danger est en revanche de se sentir tellement anonyme – éventuellement jusqu'au point de se croire dans le public – qu'on en perd la concentration, le rythme ou la justesse sur le travail qu'on a à fournir.

Demandez le programme !

Stefan Eicher, Tryo et Thiecko, c'est pour le 21. Vanessa Paradis, Jacques Higelin, BB Brunes et We were evergreen, c'est pour le 22. M, Féfé / Alpha Blondie et Cabadzi pour le 23... et cela continue ainsi durant toute la semaine, sans oublier les concerts du festival off off off ni le grand choral de mille adultes qui sera interprété une fois le vendredi et deux le samedi. De la musique, des têtes d'affiches et de jeunes musiciens déjà repérés par leurs pairs, voilà ce que sont les Nuits de Champagne, enchâssées entre le choral « Aube à l'unisson » des collégiens et le « grand choral » final de leurs aînés.

Pierre FRANÇOIS

[1] « Nuits de Champagne », Troyes, du 20 au 26 octobre. Tél. : 03 25 40 02 03, www.nuitsdechampagne.com

Théâtre - cirque - musique : L'Angela bête

Pierre François — 2013-10-16T16:46:46Z

Artiste internationale qui a créé son précédent spectacle à Chaillot, excusez du peu, Angela Laurier fait partie de ces âmes généreuses qui mettent leur public sous perfusion de vie, en abondance et sans complexe. Un vrai bonheur !

Pas étonnant alors que « L'Angela bête » [1] soit un spectacle complètement déjanté, inclassable et quasiment inénarrable tant la part d'improvisation y est importante. Soit une gymnaste et des musiciens, elle chante, joue dans une forme qui évoque (de loin et en beaucoup plus distrayant) la comédie musicale, raconte sa vie – avec un accent québécois marqué – et souligne le tout par des exercices à la limite de l'acrobatie et de la contorsion (elle a fait partie du Cirque du Soleil).

C'est rock'n roll – au sens propre et figuré – et impressionnant de vie. Surtout quand on se rend compte qu'une partie de celle-ci a été mangée par le passage dans une secte. Fait-elle sa psychanalyse à travers ce spectacle confession-exposition autobiographique ?

Peu importe, car le talent est là, qui transcende tout ces matériaux pour en faire des moments de bonheur partagés. Si elle est sans illusion (« Allez voir des acrobates, des vrais, pas des débris » dit-elle pour annoncer le spectacle qui suit le sien) elle n'en est pas moins décomplexée à un point rarement atteint, même dans le monde du spectacle ! Les instants de rire succèdent à ceux de plaisir, voire de bonheur aussi fugitif qu'intense. De l'émotion pure... Si le catholicisme ne consistait que dans le fait de répandre plaisir et bonheur autour de soi, sûr qu'elle serait canonisée (et ses acolytes aussi, mais pour une autre raison : réussir à gérer un tel phénomène).

Pierre FRANÇOIS

[1] « L'Angela bête », de et avec Angela Laurier. Jusqu''au 19 octobre au Théâtre Montfort à Paris, les 13 et 14 décembre 2013 aux Halles de Schaerbeek à Bruxelles, le 28 mars 2014 à Lons-Le-Saunier, Scène du Jura.

Théâtre : Ring

Pierre François — 2013-10-16T15:41:13Z

« Ring » [1] est une pièce qui aborde le thème inépuisable de la relation de couple. Sans que cela ne mette en cause les autres aspects du spectacle, le décor constitué de projections et de changements de couleur est époustouflant de créativité. Ce face-à-face entre un homme et une femme a la bonne idée de montrer comment la complémentarité entre les sexes n'a jamais été perçue comme telle, depuis les origines : dans le premier tableau Ève tente d'expliquer à Adam qu'elle a besoin de s'épanouir intellectuellement, ce à quoi il lui demande – déjà – « pourquoi faire ? »...

Le texte est drôle et tape juste. Le jeu, sensuel, quasiment chorégraphié. En même temps, on croit complètement au naturel des personnages. Les changements dans les projections permettent de ménager des transitions entre ce qui reste une série de sketchs ; elles rendent du coup le spectacle moins haché que s'il y avait des noirs. Le spectacle aurait certes gagné à être plus resserré au lieu de donner, vers la fin, l'impression de se répéter. Mais certaines scènes sont de vraies trouvailles, ainsi le moment où l'homme essaie en vain de retirer sa jambe prisonnière de celles de sa compagne endormie. D'autres saillies vont plus au fond des choses : « il n'y a pas de famille idéale, il n'y a que des familles qui se mentent ». On s'amuse bien à voir cette femme évidemment « pas comme les autres » négocier avec son alter ego, tout aussi sûrement « exceptionnel » !

Pierre FRANÇOIS

[1] « Ring », de Léonore Confino. Avec Sami Bouajila et Audrey Dana, mis en scène par Catherine Schaub au Théâtre du petit saint Martin, 17, rue René Boulanger, Paris 10e, tél. : 01 42 08 00 32, métro Strasbourg-saint-Denis, jusqu'au 4 janvier.

Théâtre : Blanche Neige, le spectacle musical

Pierre François — 2013-10-16T15:17:24Z

« Blanche Neige, le spectacle musical » [1]est une pièce à grand spectacle de fin d'année pour jeune public. La recette est connue et sans originalité, on tire une larme aux fillettes de huit à douze ans mais sans leur former le goût à ce qu'est un véritable spectacle de théâtre. Peu importe dans ces conditions que les comédiens chanteurs en début de carrière chantent toujours juste du moment que les décors et les projections de petits lapins sur le rideau de scène éblouissent les yeux. « Papa, quand est-ce qu'on s'en va ? » glapissait un enfant de trois ans sur un strapontin. La réponse ne s'est pas fait tarder : rapidement, avant qu'il n'ameute tout le rang.

Pierre FRANÇOIS

[1] « Blanche Neige, le spectacle musical », de Julie Manoukian. Musique André Manoukian. Avec Claire Couture, Matthieu Brugot, Christophe Jeannel, Tatiana Santini, Lilly Caruso, Sara Filc, Manon Gilbert, Clara Soares, Aurore Maunier, Nina Bregeau, Régis Chaussard. Tous les samedis et tous les jours des vacances scolaires à 14 heures à !Bobino, 20, rue de la Gaîté, Paris 14e, tél. : 08 2000 9000 (0,09 €/min), www.bobino.fr, métro Edgard Quinet ou Gaîté.

Théâtre : La Campagne

Pierre François — 2013-10-03T15:52:27Z

« La Campagne » [1] est une bonne surprise ! Programmée au Lucernaire jusqu'au 26 octobre dans la salle confidentielle du « Paradis », cette pièce se montre d'emblée hors norme : des personnages justes auxquels on croit immédiatement, mais surtout une ambiance de mystère qui tient le spectateur en haleine jusqu'au bout.

Tel un bon polar, le texte de ce spectacle ne livre la clef d'un mystère que pour en faire apparaître un nouveau. Parfois avec évidence – le mari se coupe devant sa femme soupçonneuse – mais à d'autre moments il ne reste plus qu'une atmosphère si épaisse qu'on ne sait même plus où se situe la dissimulation, jusqu'à sa révélation subite. On va ainsi de rebondissements en rebondissements, ne comprenant qu'une chose : l'époux s'est mais dans une sale situation et a commencé à mentir, chaque mensonge en appelant un nouveau... Pendant longtemps on se demande si la cause en est une faute ou un désir de protection.

Il n'y a que très peu d'éclats de voix lors de ces explications entre le mari et son épouse, qui lui tire les vers du nez un à un, avec autant de difficulté que d'élégance et d'indignation retenue. Avec la jeune femme qu'il dit avoir trouvé inconsciente au bord de la route pour expliquer qu'il la ramène sous le toit familial, on se demande si cette femme de médecin de campagne ne va pas tisser une complicité féminine. La relation entre la jeune droguée et le praticien est bien différente... On passe de vraies en fausses pistes à plaisir tandis que tous les personnages sont interprétés avec une grande vérité. Le cycle se clôt enfin, d'une manière tout aussi inattendue que les précédents épisodes, mais quels lendemains cette dernière étape annonce-t-elle ?

Pierre FRANÇOIS

[1] « La Campagne », de Martin Crimp. Avec Larissa Cholomova, Emmanuelle Meyssignac, Patrick Schmitt. Mise en scène de Patrick Schmitt. Du mardi au samedi à 19 heures jusqu'au 26 octobre au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris, tél. : 01 45 44 57 34.

Théâtre : Train fantôme

Pierre François — 2013-09-27T21:25:19Z

L'équipe des « 39 marches » a voulu « remettre ça » en choisissant pour fil conducteur une ambiance de fête foraine, où l'on rit mais jaune et en serrant les fesses. De ce point de vue, c'est réussi. Mais on s'attend à autre chose quand on entre dans une salle de théâtre...

En effet, « Train fantôme » [1], au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, n'est pas une allusion ou une évocation : l'expression est à prendre au tout premier degré et l'ambiance est celle de la fête foraine racontant l'histoire de Dracula. On aime ou pas...

Pour être tout à fait juste, il faut convenir que si le premier tiers du spectacle – dans un style excessivement expressif et parodique – ne vaut pas plus cher qu'un ticket à la foire du Trône, il s'améliore beaucoup par la suite, les grosses ficelles faisant place à des trouvailles et à une mise en scène réellement travaillée. On remarque ainsi plusieurs chorégraphies acrobatiques qui sont autant de belles performances parfaitement synchronisées ainsi que des effets bien amenés. Une scène de schizophrénie est particulièrement savoureuse. Et si celle de possession et d'exorcisme se révèle un peu longue, elle n'en est pas moins efficace et bien travaillée, avec en prime les invocations du prêtre qui se finissent en danse juive. Les allers-retours réguliers entre la personnalité du rôle joué et celle de l'interprète entretiennent un aspect décalé. À un autre moment, et dans la même logique, c'est le manipulateur de marionnette qui gesticule pour se faire remarquer alors que son habit noir le rend discret. Ce spectacle est tout à fait indiqué pour les personnes qui ne sont jamais venues au théâtre : le début les raccroche à quelque chose de connu et la suite leur montre qu'on peut faire mieux et tout aussi distrayant.

Pierre FRANÇOIS

[1] « Train fantôme, la comédie flippante », de Gérald Sibleyras et Éric Métayer. Avec Éric Métayer, Jean-Philippe Bêche, Andréa Bescond, Dorel Brouzeng Lacoustille, Christophe Laubion. Mise en scène : Éric Métayer. Du mardi au samedi à 21 heures, matinée samedi à 16 h 30, dimanche à 15 heures au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, 26, rue de la Gaîté, Paris 14e, tél. : 01 43 22 16 18, métro Gaîté, Edgard Quinet, Montparnasse Bienvenüe.

Théâtre : Claire Deluca, interprète émerveillée de Duras, la vie qui va

Pierre François — 2013-09-26T09:49:00Z

Claire Deluca [1] a tant collaboré avec Marguerite Duras – à partir de la création des « Eaux et forêts », en 1965 – qu'elle a conservé certaines de ses versions successives du travail non éditées. En effet, Marguerite Duras avait l'habitude de modifier son texte à chaque nouvelle mise en scène, qu'elle faisait elle-même, et peu importait qu'il fut déjà publié ou non. Jouer aujourd'hui une de ses pièces revient donc souvent à donner une partie de son travail avant qu'il ne fut peaufiné, car, explique Claire Deluca « à chaque fois qu'elle le reprenait, il en ressortait plus juste, plus musical, meilleur, avec un rééquilibrage entre les répliques des différents personnages ». Il y a des passages qu'elle a même réécrits, comme celui du « secret » (qui était en fait l'angoisse du personnage).

On sent chez Claire Deluca un fort désir de faire connaître la Duras des débuts, celle qui disait lors d'un entretien que « la part du jeu des comédiens est égale, dans la création théâtrale, à la création de l'auteur ». La Marguerite Duras qui a écrit à cette époque était dans une période de recherche. Ce qui lui donnait en tant qu'auteur une générosité, une ouverture, une simplicité dans l'approche du travail des comédiens. Pour Claire Deluca cette rencontre fut la plus passionnante, la plus exaltante de sa carrière de comédienne.

Pierre FRANÇOIS

[1] actuellement dans « Duras, la vie qui va », textes de Marguerite Duras adaptés et interprétés par Claire Deluca et Jean-Marie Lehec. Scénographie, création lumière et son : Carlos Perez. Du pardi au samedi à 19 h 30, dimanche à 15 h 30 jusqu'au 10 novembre au Théâtre Poche Montparnasse, 75, bd du Montparnasse, Paris 6e, tél. : 01 45 44 50 21.

Théâtre : Lyric hispanic

Pierre François — 2013-09-25T23:39:57Z

« Lyric hispanic » [1] est un spectacle extra-ordinaire, au sens étymologique du mot : qui se situe en dehors de l'ordinaire, et largement ! C'est un mélange de rigueur, dans le décor et le respect des disciplines artistiques ; et de sensualité, dans l'expression. Mais aussi un cocktail alliant féminité et violence ou mutisme et chant. Les lumières à elles seules disent déjà l'ambiance que les comédiennes portent ensuite, à la fois de façon explicite et tout en nuances. Musique, chant et claquettes peuvent être appréciées séparément ou bien prises – c'est préférable – dans leur ensemble. Il y a là une réussite, une perfection, indéniable. En six tableaux sont évoqués les moments importants de la vie. Sans oublier la corrida, il s'agit quand même d'un spectacle – plus proche de l'opéra que du récital – en espagnol sur une musique de flamenco. Le surtitre est à la fois bienvenu et superflu, il a le mérite de suggérer sans trop guider la sensibilité du spectateur. Le rythme, pourtant enlevé, ne faiblit jamais de sorte qu'à aucun moment on ne s'ennuie. Et le public en redemande ! Hélas, ce spectacle ne se donne que jusqu'au dimanche 29 septembre, mais il vaut largement la peine de bousculer son emploi du temps pour se donner la chance de le voir.

Pierre FRANÇOIS

[1] « Lyric hispanic », mis en scène par Jean-Luc Paliès. Avec la voix de Magali Paliès, Rémi Jousselme à la guitare et en alternance Loreto Azocar ou Karine Gonzalez ou Diana Regaño pour assurer la partie dansée. Du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 18 heures au théâtre de l'Épée-de-Bois, Cartoucherie, Route du champs de manœuvre, Paris 12e, tél. : 01 48 08 39 74, www.epeedebois.com