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Thomas fonde l’Eglise de Chine

mardi 11 mai 2010, par marvel


Dans le livre Thomas fonde l’Église de Chine (Editions du Jubilé), Pierre Perrier et Xavier Walter montrent, avec de multiples arguments et exemples, que l’apôtre Thomas a évangélisé une petite partie du territoire chinois entre l’an 65 et l’an 68. Ce qui placerait la Chine comme l’un des tout premiers pays christianisés du monde.

Arrivé par la mer à Lianyungang (en français : port touche nuage), Thomas remonte avec son collaborateur-interprète Shofarlan (notre annonceur en araméen) en partie le fleuve Houang Ho après être passé à Xuzhou, où le prince Ying gouverneur de la province maritime et beau-frère de l’empereur Mingdi accueille favorablement la prédication de l’apôtre, puis à Kaifeng, la base hébraïque du commerce de la soie par la mer, pour arriver à Luoyang la capitale après la ruine de Chang-Hang. L’empereur les reçoit et leur affecte un terrain à l’est de la ville où ils construisent une église de mission en 67. Sur le mur nord de celle-ci sera peinte vers 148 une fresque représentant un Roi avec une couronne dorée occidentale, tenant un glaive à la main et monté sur un Cheval Blanc, ce qui donnera désormais au bâtiment le nom de Temple du Cheval Blanc (Baïma Si).

Après le départ en 68 de Thomas et le succès rapide de l’évangélisation, le prince Ying est destitué en 70 ce qui, pour les archéologues chinois, fixe la datation de 69 après J-C des grands bas-reliefs sculptés découverts à Lianyungang. Il s’agit d’une frise de 25 mètres de long comportant deux familles distinctes et bien discernables de gravures : encadrant la cinquantaine de personnages datables de 69, un groupe moins marqué mais de même importance numérique de style bouddhique chinois a été gravé postérieurement à 311, qu’il faut donc exclure de l’étude.

Les bas-reliefs du premier siècle se composent de deux groupes de grands personnages de facture parthe caractéristique du Khouzistan, et qui n’ont pas eu de descendance connue en Chine. L’un représente une Nativité et l’autre une liturgie judéo-chrétienne tous deux très reconnaissables à des signes bien connus par l’archéologie et les textes relatifs à la première Église en Terre sainte et en Syrie ; ceci conforte la recherche actuelle dans l’art parthe du premier siècle des sources iconographiques paléo-chrétiennes avant l’influence gréco-romaine à la fin du second siècle. L’ensemble de la frise représente de droite à gauche la visite du prince Ying à son frère l’empereur, puis l’accueil fait par celui-ci à la prédication de Thomas et Shofarlan, pour aboutir à la réunion d’une communauté importante et à son accès à la célébration liturgique conclusive. Cette frise forme une sorte de bande dessinée dont nous commençons avec l’aide des instituts de recherche historiques chinois à identifier les personnages principaux en particulier dans les chroniques historiques chinoises en commençant par le Houhanshu. En effet ces instituts soupçonnaient depuis longtemps une mauvaise interprétation des textes et la présence d’une forte communauté chrétienne dès le second siècle, particulièrement au Sechouan, dont ils ont maintenant retrouvé la trace sous les Han, les Wei et les Jin (deux empereurs chrétiens) ; cette ré-attribution a conforté les études historiques religieuses après le premier siècle en attribuant à la présence chrétienne bien des textes anciens qui faisaient partie des manuels d’histoire chinoise jusqu’aux T’ang. À Luoyang la destruction en 190 de la ville et du premier Baïma-Si sera suivie d’une renaissance au troisième siècle ; sous les Wei et plusieurs fois ensuite, le temple sera alors reconstruit à côté des ruines de l’ancien, jusqu’à l’état actuel, mais il sera réaffecté au bouddhisme qui le considère comme son temple le plus ancien.

La frise de Lianyungang a été remise en état récemment et on en recommande la visite impressionnante ainsi que la lecture des stèles du Baïma-Si à condition de tenir compte de la réattribution récente. Celle-ci n’est pas encore officiellement reconnue : après la religion ancienne (avec sacrifices) disparue comme à Rome, un ensemble de rites issus d’un syncrétisme chamanisme-christianisme-bouddhisme-taoïsme est resté le rituel impérial officiel jusqu’à la fin, mais le judaïsme et le christianisme inculturés en Chine se révèlent désormais comme les plus anciennes religions chinoises constituées. Ceci n’est pas du goût de tout le monde, on peut le comprendre.

Les travaux scientifiques continuent à partir d’une base de données français-chinois et des parties les plus anciennes en araméen des Actes de Thomas et d’autres sources indiennes ou irakiennes (déjà plus de 700 pages). D’autre part, de nouvelles investigations sur Kong Wang Shan sont en cours. Présentement, les chercheurs n’ont pas employé au début leurs propres photographies, et n’ont utilisé, comme dans le livre, que les photos communiquées par le département des religions populaires de l’université de Nankin, dont dépend le site, et celles du musée Guimet. Les conclusions du livre sont donc basées sur des documents iconographiques apportés par d’autres chercheurs et qui, pour certains, sont même accessibles sur le web (sites touristiques chinois, notamment Lo-tour) ; beaucoup d’autres sont arrivés depuis lors. Les objections sur une supposée insuffisance de documents montre l’ignorance de leur auteur et surtout sa difficulté à appréhender un raisonnement et à apprécier la valeur des documents déjà publiés. Les études complémentaires se portent sur les nombreux textes chinois encore peu connus, qui ouvrent des pistes très éclairantes. Leur parution et interprétation vont, à coup sûr, placer les recherches sur le christianisme chinois comme un contributeur majeur à la connaissance de l’Église des origines.

Article tiré de Wikipédia. Voir aussi l’article de France Catholique : Christianisme en Chine, le livre qui change tout.


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