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Theâtre : l’exil, dans le cadre de l’intégrale Montherlant

mardi 12 décembre 2006, par Pierre François


Quand le réalisme tue l’utopie, quand la mère exerce un chantage affectif sur son fils, quand on appelle amour de la possessivité, quand le mensonge gangrène relations et consciences, L’exil c’est tout cela à la fois, même si le texte a mal vieilli.

L’exil  [1] de Montherlant traite transversalement de plusieurs sujets, parfois explicitement, parfois sans y toucher.

Le premier, dont on sait qu’il fut tellement autobiographique que Montherlant n’autorisa jamais la représentation de cette pièce de son vivant, est celui de l’opposition entre une mère et son fils. S’y superpose celui de l’évolution d’une amitié entre garçons dont l’un va aller à la guerre tandis que l’autre reste cloîtré chez lui. Enfin, sans que ce troisième soit jamais verbalisé -et pourquoi le serait-il puisque l’intéressé lui même n’en est pas encore conscient ?– il y a celui de la tendance homosexuelle.

La pièce ne souffre pas de ces imbrications dans la mesure où elles sont naturellement liées, et la psychologie nous a aujourd’hui montré à quel point. Au contraire, elle en bénéficie dans la mesure où l’évasion vers d’autres thématiques ouvre des moments de respiration qui allègent la pesanteur induite par cette opposition irréductible. La mère a d’ailleurs tellement conscience du chantage affectif qu’elle effectue qu’elle aimerait échapper aux honneurs récompensant son dévouement. On croit aux personnages, et pourtant quelque chose gêne quand même. Est-ce le langage qui a mal vieilli ? On doit en effet régulièrement effectuer des rétablissements, le plus flagrant concernant le terme d’« ambulance », qui désigne ici un hôpital militaire temporaire établi au contact des troupes avant leur évacuation vers une structure plus équipée.

A moins que ce soit le contexte très artificiel dans lequel vit cette petite noblesse, qui a le sentiment de se dévouer alors qu’elle est prisonnière de conceptions qui apparaissent aujourd’hui aussi surannées qu’hypocrites ?

Peu importe, finalement. Cette pièce est à prendre comme une butte-témoin très bien interprétée et abordant des questions de fond éternelles.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] L’exil, de Henry de Montherlant. Avec G. Vigier, M.-H. Viau, B. Ravaine, C. Chauvaud, M.-V. Raban, J.-M. Hulin, D. de Segonzac, F. Touitou, C. Chauchat, V. Gaillard, mis en scène par Idriss. Au théâtre du Nord-Ouest, 13 rue du faubourg Montmartre, 75 009 Paris, M° : Grands boulevards. Tél. : 01 47 70 32 75.


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