Théâtre - cirque - musique : L’Angela bête

Artiste internationale qui a créé son précédent spectacle à Chaillot, excusez du peu, Angela Laurier fait partie de ces âmes généreuses qui mettent leur public sous perfusion de vie, en abondance et sans complexe. Un vrai bonheur !

Pas étonnant alors que « L’Angela bête » [1] soit un spectacle complètement déjanté, inclassable et quasiment inénarrable tant la part d’improvisation y est importante. Soit une gymnaste et des musiciens, elle chante, joue dans une forme qui évoque (de loin et en beaucoup plus distrayant) la comédie musicale, raconte sa vie – avec un accent québécois marqué – et souligne le tout par des exercices à la limite de l’acrobatie et de la contorsion (elle a fait partie du Cirque du Soleil).

C’est rock’n roll – au sens propre et figuré – et impressionnant de vie. Surtout quand on se rend compte qu’une partie de celle-ci a été mangée par le passage dans une secte. Fait-elle sa psychanalyse à travers ce spectacle confession-exposition autobiographique ?

Peu importe, car le talent est là, qui transcende tout ces matériaux pour en faire des moments de bonheur partagés. Si elle est sans illusion (« Allez voir des acrobates, des vrais, pas des débris » dit-elle pour annoncer le spectacle qui suit le sien) elle n’en est pas moins décomplexée à un point rarement atteint, même dans le monde du spectacle ! Les instants de rire succèdent à ceux de plaisir, voire de bonheur aussi fugitif qu’intense. De l’émotion pure... Si le catholicisme ne consistait que dans le fait de répandre plaisir et bonheur autour de soi, sûr qu’elle serait canonisée (et ses acolytes aussi, mais pour une autre raison : réussir à gérer un tel phénomène).

Pierre FRANÇOIS