Festival : Art contemporain

Entretenir une familiarité avec l’art contemporain n’est l’apanage d’aucune chapelle, il suffit qu’existe une symbiose entre les artistes, les habitants et les paysages qu’ils partagent.

Au départ, il y a les lois Voynet et Chevènement sur l’aménagement du territoire. Elles créent les contrats de Pays, qui doivent homogénéiser des bassins de vie et d’emploi. Et, proche de Dijon en allant vers Auxerre, il y a justement une zone d’habitat très dispersé qui compte cinquante cinq mille habitants sur huit cantons et deux départements.

Un contrat de pays est signé le 16 avril 2004. Il passe le cap des 200 communes en 2005 et est rendu à 207 aujourd’hui, pour un périmètre qui va de Saulieu à Montbard en passant par Arnay le Duc et Drée. Semur en Auxois est au milieu de ce quadrilatère, La Pierre qui vire aux alentours, Vézelay à quelques kilomètres d’Avallon, qui s’est joint au festival d’art. Dijon jouxte l’autre extrémité du territoire, à une demi-heure de Sombernon.

Le but d’un tel contrat est d’offrir une qualité de vie qui stoppe l’exode, il est donc orienté vers les services collectifs. L’organe qui le pilote est composé de représentants de la société civile, qui se concertent avec les élus autour de projets. La signature des contrats de pays comporte aussi un volet culturel. De façon pratique, les associations du Pays de l’Auxois-Morvan ont cherché une discipline à promouvoir dans le cadre d’un festival. Le théâtre ? Cette activité n’existe pas sur le territoire. La musique ? Les associations présentes n’ont pas réussi à accorder leurs violons. Et on est arrivé à… l’art contemporain : il y a dans la région un vivier d’artistes, dont certains venus d’Allemagne ou de Suisse, et des associations vivantes dans ce domaine. Le pragmatisme paye : les quinze mille programmes distribués dans les offices de tourisme disparaissent chaque année, et le festival draine trente mille visiteurs par an, dont les deux tiers viennent du pays.

Faut-il voir là le résultat d’expositions d’œuvres en plein air qui accoutument le grand public avec les démarches contemporaines ou bien l’effet d’invitation régulière de célébrités comme le stylicien Philippe Stark ou le peintre Yan Pei Ming cette année ? Peu importe. L’essentiel est la familiarité qui s’installe entre les habitants et leurs artistes, ces derniers et un paysage qui fait partie de leur univers créatif.

Pour sa quatrième édition, le festival « L’été des arts » organise 17 expositions rassemblant 93 artistes jusqu’au 16 septembre. Il est impensable de les présenter tous. Mentionnons cependant le travail de Rachel Henriot au C.R.A.N.E [1]. Même si son message de protestation n’apparaît pas de façon évidente, on est face à un réel travail et à un résultat spectaculaire. Par ailleurs le centre de design de l’association Arcade [2] est animé par un couple d’experts passionnés : c’est dire la qualité des artistes qu’ils exposent. Un site enfin donne le programme en son entier : www.etedesarts-auxoismorvan.info.

Pierre FRANCOIS