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Théâtre : Intelligence féminine

mardi 23 janvier 2007, par Pierre François


Il y a plus que la femme fine qui démasque les intentions réelles des lourdauds que sont les hommes dans cette pièce. Car de joyeuses incertitudes parsèment cette œuvre frivole, servies par une interprétation tout aussi gaie.

La veuve rusée [1] est une pièce légère de Goldoni. Soit une belle vénitienne veuve, jeune et accorte. Qui a eu l’heur de plaire, au bal, à quatre mâles. Mais entre son compatriote jaloux comme un tigre et avare comme une tirelire, le français qui ne jure que par Paris et la mode, l’anglais peu causant et l’espagnol qui n’aime qu’être fouetté au nom de la fierté de son nom, lequel est le bon parti ?

Sa demoiselle de compagnie, qui vient de Paris, lui prêche un discours d’une tolérance coupable tandis qu’elle veut prendre un parti aussi honnête qu’elle.

Différences d’appréciations entre la domestique et la maîtresse, subterfuges pour connaître les vrais sentiments de ces aussi bons danseurs que parleurs, vision des hommes selon les caractéristiques de leurs nations, on est à mi-chemin entre la farce non écrite et la comédie de caractère rédigée. Cette pièce est d’ailleurs la première à passer de la farce à la comédie de caractère. Car tel fut l’enjeu de la réforme goldonienne.

Masques et chants sont certes encore bien présents, mais les personnalités sont dessinées avec précision. En particulier celle de la veuve qui revendique sa liberté tout en refusant le libertinage. D’un point de vue social la pièce est tout à fait intéressant quant au féminisme de l’époque et aux archétypes nationaux alors en vogue.

Mais c’est d’abord une pièce qui entraîne un public attentif et réceptif dans une joyeuse suite de péripéties, et c’est la première chose qu’on demande à ce théâtre léger.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] La veuve rusée, de Carlo Goldoni. Avec Stefano Amori, Pierre Bénézit, Anne Cosmao, Bernard Fructus, Axelle Girard, Stéphanie Mathieu, Betrand Waintrop et Vincent Viotti, metteur en scène. Les mardi, mercredi et vendredi à 20 h 30, jeudi et samedi à 19 h 30, dimanche à 15 h 30 au théâtre 13, 103A, boulevard Auguste Blanqui, Paris-13e. Places à 22 €, TR : 15 €. Tél. : 01 45 88 62 22.


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