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Theâtre : Chapeau !

jeudi 14 décembre 2006, par Pierre François


Il manque religion et spiritualité à notre monde dit ce comédien clown musicien mime polyglotte couvert d’honneurs. Et de joindre le geste à la parole. Réponses brillantissimes et par l’exemple à ceux qui imaginent qu’il faut séparer vie privée et professionnelle ou que la charité est le domaine des compétences au rabais.

Comment dire ce qui se passe sur scène lorsqu’Herman van Veede y est ? Impossible : cet homme et sa guitariste sont un véritable poème scénique à eux seuls. Du point de vue technique, on cherche où sont les limites de ce musicien clown chanteur conteur danseur. Ses lèvres sont capables de parler sans proférer de son, et ses yeux ou les rides de son cou de leur faire écho. Et dire que c’est ce gaillard dégarni aux long cheveux blancs et aux yeux verts qui explique, dans son spectacle, que l’âme est très professionnelle, seul le corps reste amateur ! On n’en est pas convaincu en voyant celui que Beckett qualifia d’homme devenu poème ou que Moustaki saluait en ces termes : Herman, je salue en toi la sagesse du bouffon et l’insolence du moraliste lorsque tu feins de ne prétendre qu’à nous divertir….

Ce hollandais polyglotte est lauréat du grand prix de l’académie Charles Cros et du prix international de la francophonie en 2003, d’une caméra d’or et d’un ours d’argent au festival de Berlin, de huit Edison et du prix de temps d’antenne de Radio 2 dans son pays natal, mais encore ambassadeur de l’Unicef et fondateur de plusieurs fondations pour l’enfance. C’est à ce dernier titre qu’il a reçu (la plus récente parmi une multiplicité d’autres distinctions) le Martin Buber Plaquette en 2005.

Il se produira à Paris les 27 et 28 décembre, à la salle Gaveau.

Joint durant sa tournée européenne, il a bien voulu répondre à quelques questions.

Au sujet de son spectacle -Chapeau [1]– il confie qu’il est le fruit de la mort de ses parents. Quand ces derniers sont morts, il a éprouvé une crise d’identité. Qui allait jusqu’à l’impression de raser son père au lieu de lui-même, lorsqu’il faisait sa toilette. Il avait l’impression d’être comme un chapeau vide et a dû se souvenir du passé pour discerner ce qui en lui était personnel de l’héritage de ses parents. Dans le spectacle, il y a donc 7 chapeaux, chacun représentant une personne importante de sa vie. Il y en a aussi un pour Dieu, mais qui ne trouve pas sa tête. Et dans les chapeaux, il y a mille balles de ping-pong, qui sont pour lui ses souvenirs. Mais le spectacle est conçu de façon suffisamment poétique pour que chaque spectateur puisse donner la signification qu’il veut à ces éléments.

A propos de son engagement humanitaire, il explique que ses parents n’y sont pas étrangers non plus. Ils l’ont voulu pendant la guerre, durant des restrictions très dures, parce qu’il avaient espérance en un avenir meilleur.

Par ailleurs, il a vu son père, résistant, lui expliquer en pleurant qu’il ne fallait jamais se mettre dans la situation de devoir tuer. Il avait 10 ans et c’était la première conversation sérieuse qu’il avait avec lui. Tous ses éléments, ajoutés à de graves problèmes de santé lors de son enfance, ont constitué comme sa mission : il devait participer à construire ce monde meilleur comme ses parents avaient participé à l’espérer. Nul chantage néanmoins : son père lui avait simplement demandé de faire de sa vie ce qu’il voudrait du moment qu’il en faisait quelque chose.

Alors il a organisé quelques fondations (Colombine, AJK, Roos, Fondation Herman van Veen), toutes à destination des enfants, parce qu’il est conscient que ces derniers n’ont de droits que sur le papier, qu’actuellement il y en a un milliard à n’avoir aucun futur et que le prix de notre civilisation n’est pas payé par nous mais par les plus pauvres.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Chapeau, spectacle musical de Herman van Veen et Edith Leerkes (guitare), les 27 et 28 décembre à 20h 30 à la salle Gaveau, 45 rue la Boëtie, 75 008 Paris, M° Miromesnil. Location : 01 49 53 05 07, 0 892 68 36 22 (0,34 €/min), Fnac, Carrefour.


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