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Théâtre : Adolescents et théâtre

samedi 28 avril 2007, par Pierre François


Il y a peu d’adolescents dans les salles, alors certains les font monter sur le plateau.

Il y a le théâtre dit jeune public, en fait pour spectateurs de trois à huit ans. Le meilleur y côtoie le très pire, sous couvert de naïveté enfantine. Il y a aussi le théâtre adulte, qui se décline en familial et en théâtre tout court, porte éventuellement ouverte à des questions délicates à la sortie de la représentation si on y emmène un public un peu jeune…

Entre les deux, rien, ou si peu. Peu de textes. Et pas de marché, ajoute cette directrice d’une petite salle qui s’est spécialisée dans le jeune public.

Certes, les C. D. N. ont contractuellement un quota de pièces jeune public et d’écritures contemporaines à respecter, mais si léger… Catherine Anne, directrice du Théâtre de l’Est Parisien [1], l’explose, qui consacre la moitié de sa programmation à la jeunesse. Il y a, explique-t-elle, le spectacle adulte apprécié des enfants et le cadre scolaire, dans lequel la décision est prise par l’adulte. Et il arrive que des enfants emmènent des adultes au théâtre. La cause du théâtre n’est cependant pas perdue auprès de ceux qui ont préféré dépenser leur argent de poche en séances de cinéma durant leur adolescence : beaucoup y reviennent à partir de dix huit ans.

À défaut de parvenir à faire venir les adolescents en tant que spectateurs, certains s’intéressent à eux comme comédiens amateurs. On vise alors autant le développement personnel de l’enfant en train de se transformer que l’art dramatique. Car le côté structurant de la pratique du théâtre auprès de ces jeunes n’est plus à démontrer.

Catherine Anne observe qu’il s’agit d’une pratique qui se répand, et qu’elle peut donner des résultats artistiques tout à fait convaincants, sans compter que les amateurs entraînent dans leur sillage un public très large. Mais remarque que celui qui monte une pièce avec peu de professionnels et une théorie d’amateurs trouve un moyen de créer un spectacle faisant intervenir beaucoup de monde sur le plateau, ce qui est impossible si on n’emploie que des professionnels.

Á Clermont-Ferrand existe une de ces structures, totalement au service de l’adolescent.

Le théâtre du Pélican  [2] était en résidence temporaire de deux mois à Yzeure, ville de douze mille habitants à trois cent kilomètres de Paris et cent de Clermont Ferrand, lorsqu’il créa La petite Danube. Le sujet n’était pas d’une insouciance folle : une enfant trouve le long d’une voie ferrée un pyjama rayé de déporté. Mais il permettait à ces adolescents d’abandonner une partie du monde magique de leur enfance, sans violence ; tout en débarquant dans un monde réel bien cruel, sans dépit.

Il serait exagéré de dire que Jean-Claude Gal ne fait pas de théâtre, au contraire son expérience est impressionnante. Mais lorsque des jeunes de onze à dix sept ans répondent à une annonce pour créer une pièce en deux mois, il ne leur enseigne pas une méthode de théâtre. Il travaille directement le sujet, et sa théâtralité, avec eux.

Ce qu’ils en disent ? Ils remarquent l’originalité de l’’approche. On ne travaille pas trop sur le texte, mais surtout les déplacements, les images, les regards, dit Rémi, dix sept ans. Ce qu’Audrey confirme à sa façon : Jean-Claude est metteur en scène, pas professeur de théâtre.

Un metteur en scène qui, s’il avait cette fois là commandé un texte à un adulte, part le plus souvent des adolescents. Fruit de cette disponibilité,il a publié un recueil passionnant de deux cent quarante pagesSans origine fixe, édité par le théâtre du Pélican et le service-Université-Culture [3] ne comportant que des textes d’adolescents regroupés par thème. Il est fier aussi de parler quelquefois plus de travail scolaire que de théâtre avec ses jeunes stagiaires, parce qu’il a la passion de l’éducation et sait que le talent théâtral trouve sa source dans la vie personnelle du comédien. Prochaine pièce et prochaines représentations : L’ailleurs dans un miroir, du 24 au 29 avril à la cour des Trois Coquins de Clermont-Ferrand.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] T. E. P. : 159, av. Gambetta, Paris-20e, Tél. : 01 40 31 20 96.

[2] Théâtre du Pélican, La Cour des Trois Coquins, 12, rue Agrippa d’Aubigné, 63000 Clermont-Ferrand, tél. : 04 73 91 50 60.

[3] 29, bld. Gergovia, 63037 Clermont-Ferrand). Il y a aussi, qui aborde en détail sa conception pédagogique : Un théâtre & des adolescents, mêmes éditeurs.

1 Message

  • Théâtre : Adolescents et théâtre

    24 avril 2008 00:25, par BERNANOCE Marie
    Bonjour, je suis à la fois touchée par la seconde partie de votre article et en même temps désolêe de tout ce que lis dans ses débuts. Permettez-moi de vous inviter à aller lire mon livre, A la decouverte de cent et une pièces, paru chez Théâtrales en 2006, vous y verrez combien le répertoire de théâtre jeunesse, en tout cas dans ce qui se publie, est remarquable, et conséquent !!! Bonne lecture et bien cordialement. Marie BERNANOCE

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