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Récit d’une mission du groupe Sentinelles en Martinique

lundi 21 juillet 2008, par marvel


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Louange

En comparaison de ce qui se passe de soir, l’ambiance de Triple Rock sous le prêche de James Brown ressemble à un amusement de petit garçon : dans l’église de Morne des Esses, lorsque Vincent entonne « venez le célébrez », la batterie, la basse et l’orgue rentrent à fond et 300 voix reprennent le refrain avec une énergie, une joie et une ferveur rarement rencontrées. Cette puissance de louange me colle au plafond et le plafond de cette petite église est bien haut ce soir …

Il y a 15 jours que Vincent m’a proposé de l’accompagner pour cette mission en Martinique. Cela fait 10 ans que je n’ai plus de ministère dans la musique, et voilà que tout se bouscule : j’ai demandé mon chemin sur toute autre chose à une âme inspirée il y a un mois de cela, et me voilà conduit sur scène. Tout se monte providentiellement en 15 jours, faut juste être disponible et ne pas avoir peur d’être étonné. Lorsque nous avons atterris, dimanche, il y a deux jours, nous avons été cueillis à la sortie de l’avion par le bientôt légendaire Marius et conduits sous un soleil de plomb vers un rassemblement de 600 personnes en plein cagnard. C’est un rassemblement de prière catholique et charismatique à l’occasion de la Pentecôte. Sous un sommaire abri au toit de tôle, une jeune femme conduit la prière et exhorte la foule qui s’évente. Nous sommes attendus, des chaises sont préparées à la tribune, mais nous n’avons aucune idée de ce qui est prévu. Marius évoque un ministère de délivrance et bien sûr l’annonce du fameux concert qui aura lieu en fin de semaine et pour lequel il est grand temps de faire de la pub car les billets ne se vendent pas. Quand on nous passe le micro, la responsable nous présente comme étant la communauté des Béatitudes. On tentera d’expliquer que nous ne sommes pas des communautaires mais ce n’est pas le plus urgent. On fait ce qu’on sait faire : chanter et faire chanter. Ca décolle il nous semble, la foule rentre dans une prière plus profonde. On essaie de laisse guider par l’Esprit Saint. A vrai dire nous sommes tellement démunis qu’il n’y a pas d’autre solution, nous étions dans l’incapacité de préparer quoi que ce soit et nous multiplions les chocs : thermiques, culturels, et le décalage horaire … Il y a une onction de prière sur l’assemblée, et dans mon dos ça ruisselle aussi… Comment font ils pour tenir au soleil ? J’ai un bon bassiste à ma gauche qui choppe à l’oreille les accords (à 2,3 près), le batteur et l’autre pianiste s’en sortent. Pour ma part je découvre aussi la plupart des morceaux que je n’ai pas eu le temps de bosser. Il y a un flûtiste qui est un quart de ton trop bas, le mix est désastreux et met la flûte devant. Dom, notre ingé-son, hallucine de constater que le gars a mis sa console derrière les musiciens et fait le son de la scène sans entendre la façade. Ca larsenne grave, mais la grâce passe. On chante, on exhorte, des charismes s’expriment.

La rencontre se termine, l’annonce du concert de Samedi est faite, Marius va pouvoir nous emmener à l’hôtel. Avant partir je suis intercepté par la responsable qui menait l’assemblée. Elle nous demande de prier pour une sœur. J’y vais avec Michèle, Rodolphe et Vincent étant occupés ailleurs. La dite « sœur » est une jeune femme allongée par terre, 4 ou 5 personnes semblent lui imposer les mains. Je m’approche d’elle. Je m’aperçois qu’en fait ils la retiennent et qu’elle éructe des insanités avec une grosse voix, crache sur ceux qui sont là et se met à crier quand elle est touchée par de l’eau bénite. Non je ne suis pas dans un film de William Friedkin mais bien en Martinique, île très religieuse mais aussi où se trouvent beaucoup de pratiques superstitieuses. Bien démunis mais pas troublés du tout (après tout j’ai pas demandé à venir ici, je suis certain que c’est le Seigneur qui m’y a conduit), nous prions avec eux. Elle se calme par moment quand on évoque la victoire du Christ à la croix. Mais ça la reprend ensuite. Ne connaissant pas du tout ce qui lui est arrivé et rencontrant ce cas pour la première fois, je ne me sens pas de taille à gérer le problème, d’autant que Marius nous attend pour partir et que Vincent et Rodolphe nous appellent. Je leur dit qu’il leur faut un prêtre qui connaisse ces cas là pour les gérer et faire la part des choses entre l’hystérie ou le véritable cas de possession. Finalement nous les laissons là priant et se débattant avec elle, en attendant un prêtre, tandis que Marius nous conduit avec sa sœur jusqu’à l’hôtel. (Nous apprendrons 3 jours plus tard ce qui s’est passé pour cette fille : elle était venue avec sa mère à l’assemblée de prière, et dès qu’ont commencés les chants de louange elle a eu ce comportement bizarre, qui ne lui était jamais arrivé auparavant. Elle est restée comme cela pendant une 10 aine d’heures. Après que nous soyons partis, l’ensemble du groupe de prière s’est retrouvé autour d’elle et a intensifié sa prière, jusqu’à ce que d’un coup elle se pacifie totalement. Il semblerait qu’elle fréquentait une personne ayant des pratiques douteuses. Toujours est il qu’elle a pu être confiée à un prêtre le lendemain et a retrouvé une certaine paix).

Bref, nous avons remplis les coffres avec les bagages si bien que Dom et moi avons un clavier de 25 kilo sur les genoux et que dans l’autre voiture Vincent porte l’ampli. 30 minutes de route dans ces conditions (et toujours dégoulinant de sueurs), pour arriver dans un appart-hôtel à Sainte Luce, où Marius, alias Huggy les bons tuyaux, nous avait obtenu un petit appartement (6 couchages) gratuitement contre l’animation de 2 soirées piano-bar. Nous passerons la journée du lendemain, Lundi, à nous acclimater et à répéter, notamment pour être prêts pour le piano bar du soir. Il y a peu de touristes à cette saison, donc l’hôtel est calme et agréable mais par contre nous aurons peu d’auditeurs. Piano Jazz et chansons américaines pour Michèle, Vincent et moi, et Ti Punch pour Rodolphe qui s’en remet difficilement…

Mardi, nous commençons par aller à Fort de France pour entrer en contact avec le vicaire général du diocèse : nous clarifions le fait que contrairement à ce qui a été annoncé nous ne sommes pas la communauté des Béatitudes mais le groupe de musique qui a enregistré et joue en concert les chants de jeunes des Béatitudes. D’autre part nous apprenons que l’évêché suit de près ce qui se passe autour de la louange car certains s’en servent pour une activité lucrative pas toujours très claire. Une fois la situation éclairée nous partons pour récupérer une voiture de location. Marius faisant le chauffeur pour la moindre de chose cela ne va pas être vivable longtemps. Là encore un beau morceau d’anthologie, un premier loueur ne veut pas prêter une voiture , alors Marius va en voir un autre. Celui-ci est d’accord mais le problème c’est qu’il faut qu’il nous voit, or il est adventiste : cela risque de poser un problème s’il sait qu’on est catholique. Que c’est compliqué… Rodolphe s’en sort comme un chef et revient avec une authentique bagnole de bonne sœur. C’est un miracle qu’elle roule, mais bon c’est gratuit. Et ça c’est important car Marius commence à s’inquiéter : ça ne se vend pas les billets du concerts de Samedi. Faut dire, à 20 euros la place, cela nous semble cher. Hurlant de rire à bord de notre bolide (faut monter les côtes au mieux en seconde) , nous arrivons enfin (mais avec du retard) au petit village perché dans les collines de Mornes des Esses.

C’est là, qu’après un très beau temps de prière avec les responsables du groupes, nous vivrons un temps de louange magnifique. Seul problème : nous commençons à chanter à Morne des Esses à 18h40, alors que Marius a planifié un « enseignement » de notre part au groupe de prière de Trinité à 19h. Je m’y colle donc : je laisse l’équipe continuer le concert-louange et j’arrive seul à 19h30 à l’église de Trinité où 200 personnes attendent le « groupe de la communauté des béatitudes ». Je rectifie sur qui nous sommes et me voilà donc prêchant sur la louange et les 7 dons de l’Esprit Saint. C’est pas la même ambiance que là haut : c’est plus silencieux et je pense qu’ils sont déçus de ne pas voir arriver un groupe entier (qui plus est en retard). Mais ça se passe bien et j’ai l’occasion de faire la rencontre du sympathique prêtre polonais de la paroisse. Retour à Morne des Esses, où le groupe a prévu plein de bonnes choses typiques pour nos agapes fraternelles (Ah ce sandwich au groin ! N’est-ce pas Michèle ?) . Nous vivons un moment exceptionnel, qui prolonge la soirée de prière, où dès la première rencontre nous expérimentons que nous sommes frères et sœurs car l’essentiel nous unis.

Mercredi, ayant appris que les messes quotidiennes sont en général vers 6h dans les paroisses, je me pointe à cette heure à l’église de Sainte Luce. Facile de se lever avec le décalage horaire qui nous réveille vers 5 heure. La messe est en fait à 6h30 mais il y a déjà une 10aine de personnes à prier dans l’église. A la demie, une 15aine d’autres personnes nous ont rejoins et la cérémonie commence par 20 minutes de Laudes. Quand je vous dit que c’est un peuple spirituel ! Le reste de la journée sera principalement occupée par une répétition avec le batteur (Olivier) et le bassiste (Jean-François) qui nous accompagneront samedi. Ils font parti du groupe de musique des « Enfants de la louange » qui fera notre première partie samedi, tout comme Jean-Luc et Line, piliers du groupe de prière de Morne des Esse, qui nous accueillent chez eux pour cette répétition. Celle-ci est un peu difficile car nous sommes fatigués, la mise en place est très approximative, mais nous ne pouvons pas travailler beaucoup car il nous faut garder de l’énergie pour les deux interventions de ce soir. Cette fois-ci nous prenons les devant pour ne pas être obligés de nous séparer comme hier soir : nous ne resterons qu’une heure au premier et arriverons une heure en retard au second. De toute façon, il était impossible de faire le premier à 18h et d’enchaîner le 2e à 19h puisqu’il y a 45 minutes de routes entre les deux. Les Martinicais nous édifient une nouvelle fois : les Enfants de la louange ont entamés un jeûne de 3 jours pour porter le concert du samedi. Résultat nous mangeons sans eux …

18h, nous arrivons au groupe de prière du Robert. Cette fois nous utilisons juste un ampli, la guitare et pas d’autres instruments pour pouvoir nous éclipser plus facilement. La prière est douce et il se développe une ferveur très mariale dans cette belle assemblée. Nous les quittons au bout d’une heure pour rejoindre Ducos où nous arrivons donc bien en retard sans avoir le temps pour passer à l’hôtel prendre l’ordinateur. Pourtant ils ont loué un vidéoprojecteur et fait installer un écran électrique pour qu’on puisse projeter nos textes. Le responsable du groupe de prière avale difficilement sa salive quand je lui apprend qui a tout préparé pour rien et on commence un temps de louange très péchu et très charismatique. Marius ne nous a pas suivi car il est trop fatigué, il a toussé toute la journée et déprime grave car il n’a pas assez vendu de tickets. Nous finissons la soirée à l’hôtel autour d’un TiPunch.

Jeudi, Rodolphe et moi nous échappons à Tartane et allons à la pèche au gros (un sport qui nous est bien destiné comme son nom l’indique) avec un ami du cousin de Dom (vous avez suivis ? C’est pas grave). Cet ami, Yves, est féru de pêche sportive. Tous les deux jours sur l’eau, il a même implanté des DCP, dispositifs de concentration de poissons : des objets flottants entre deux eaux, ancrés par 2500 mètres de fond, qui recréent un écosystème et attirent au final des gros poissons.

Il connaît tous les bons coins (1 heure de route en pleine mer pour s’arrêter au milieu de nulle part : « ici il y a des thons »), psychanalyse les oiseaux (« celui là il a vu un gros et il tourne autour »), propose un menu au fretin adapté à la journée (« ah on ne veut du bleu aujourd’hui ? on va essayer le rouge »). Nous revenons en fin de journée avec 2 thons, 2 barracudas et une feuille (énorme poisson plat) plus la joie de croiser des dauphins. Évidement nous sommes bien à la bourre pour le rendez vous du soir, d’autant que Rodolphe a pris soin de ranger les clefs dans le sable près du 4X4 d’Yves … Bref nous arrivons au groupe de prière de Ducos (oui comme la veille) bronzés mais avec une demi-heure de retard. Vincent et Michèle s’imaginaient déjà seuls pour animer cette prière de 2 heures devant 500 personnes … Là bas nous retrouvons Serpico à la batterie (nous l’avions rencontré à Morne des Esses) , le jeune Benjamin au piano. Et s’engage une belle soirée de louange et de prière complétée par un prêche dynamique du Père Marcel. Celui ci (que j’avais d’ailleurs aperçu le matin même à la messe à Ste Lucie) fait hurler de rire son auditoire et mêle français et expressions créoles. Dieu visite son peuple. Beaucoup de grâces et je me réjouis encore un fois de pouvoir faire la connaissance de ces véritables frères et sœurs. Vendredi, Marius va de plus en plus mal (« y’a un problème, les tickets ne se vendent pas »), il a les pieds qui gonflent, tousse comme un âne rhumatisant et sombre dans une profonde fatigue. D’ailleurs il s’endort sur place au Cybercafé, puis Rodolphe est obligé de conduire sa voiture pour aller repérer la salle de concert du lendemain. C’est une halle des sports à l’acoustique déplorable (un écho d’une demie-seconde). Pendant ce temps avec Michèle et Vincent nous préparons le piano bar du soir et le concert du lendemain.Le soir, petite intervention d’une heure au petit groupe de Citron (30 personnes) mais avec encore beaucoup de choses qui se passent, un groupe renouvelé dans l’annonce de la résurrection et qui découvre le chant en langue et la louange. Puis un passage au groupe des Eaux Vives, d’une trentaine de personnes aussi, qui ressemble par son histoire un peu à la fraternité St Jean Baptiste mais l’ambiance à plus de mal à décoller. Avec Michèle nous nous éclipsons avant la fin pour aller faire notre tour de piano-bar à l’hôtel. Petite fin soirée sympa et virée au club du coin pour entendre un groupe local et finir quelques Lorraines (l’excellente bière locale).

Samedi, Le grand jour ! Nous résistons à la tentation d’aller faire du catamaran et rejoignons Trinité vers midi pour nous installer et faire la balance. Sur scène le son est plus que pourri, non seulement on a une demi-seconde d’écho mais en plus mon retour est près d’exploser et sature un maximum. Nous allons nous rafraîchir chez le cousin de Dom qui habite tout près pendant que les Enfants de la louanges font leur essais de sono et que Marius est au comble de l’angoisse. Il transpire, il tousse, il a les pieds qui gonflent, et en plus il a commencé un jeûne. On ne sait toujours pas si le concert va avoir lieu vu que le sonorisateur demande à être payé avant le concert, ni si nous réussirons à avoir un vidéoprojecteur pour projeter les paroles et faire chanter les gens. Il faut dire qu’avec des tickets à 20 euros, on comprend que ce ne soit pas facile à remplir et il faudra au moins 500 entrées pour que Marius ne mange pas sa chemise. Il n’y a que 270 places de prévendues.

Finalement à partir de 16h30 les spectateurs commencent à arriver. Un vidéoprojecteur est installé. La halle des sports de Trinité se remplit. Il y aura plus de 600 entrées payantes, Marius revit et esquisse un pas de danse (si si je l’ai vu, ça vaut le coup). La soirée commence par les Enfants de Louange qui enchaînent des chants un peu zouc avec leurs magnifiques voix. Puis nous prenons le relais. Sur scène on entend rien. A chaque accord j’ai mon enceinte qui semble exploser, je jongle entre mes 3 claviers et les changements de tons (préparation un peu légère monsieur Marvel …) . Mais ça passe, la foule rentre dedans. Vincent cartonne bien. Il transpire comme un sumo au point d’encore une fois casser une corde (Waterproof les cordes pourtant !) . C’est pas grave, ça le fait. Du moins c’est ce qu’on nous dira après le concert. Dont tout le monde repart ravis, et nous épuisés et essorés.

Pendant le rangement, Rodolphe fait un peu de direction spirituelle pour Marius qui est quand même passé près de la mort, puis nous allons finir la soirée chez Fred qui nous a préparé un Daikiri copieux et bien chargé en rhum. Heureusement c’est Michèle qui conduit au retour …

Dimanche, après la messe dominical avec l’inénarrable Père Marcel, et une chaleur inénarrable non plus, nous pouvons conclure la semaine par un petit tour de cata, un plat de Gambas grillées avant de reprendre l’avion Michèle et moi. Rodolphe et Vincent assurant le service après vente.

Heureusement Balasco est toujours aussi lourde, je peux sans remord zapper le film et sombrer dans un coma bien mérité. Gloire à Dieu et zap !

Marvel / Mai 2006


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