Livre : Perfection, sainteté et mensonge ou les trois parents involontaires

Les allusifs est une petite maison d’édition québécoise qui a le souci d’une francophonie sans esprit de clocher. Ainsi vient-elle d’éditer Parfum de sainteté [1], ensemble de nouvelles de Maximilien Durand, spécialiste de la littérature hagiographique et enseignant à l’Ecole du Louvre.

Il reprend les vies de plusieurs saints, dont Fra Angelico est le plus connu, et les réécrit en leur prêtant comme motivations des sentiments plus humains que divins, jusqu’à l’hypocrisie de toute une vie pour deux femmes. Ce faisant, il ressort ce que les hagiographes ont sans doute voulu gommer et pose la question de la sainteté comme de la présence de simples héros, obstinés ou pervers dans la légion bigarrée des amis de Dieu.

Si le fond peut être discuté –l’Eglise ne demande pas que les saints soient parfaits ou n’aient pas de plaisir à agir mais qu’ils oeuvrent selon la sainteté qui vient de Dieu et non selon une sagesse charnelle (2Co 1, 12)– la forme est plus qu’admirable.

Dans un style souple et léger, l’auteur sème comme autant de joyaux les mots les plus justes à chaque détour de virgule. Ses récits coulent de source et c’est un vrai bonheur que de les lire.

Et ceux qui se demandent comment certains ont pu être dits saints pourront lire le sermon de Jean Chrysostome (+407) sur Domnine (suicidaire et infanticide) à www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/homt3/bernice.htm. La sainteté, comme tout, évolue avec le temps.

Pierre FRANCOIS