Littérature : Anniversaire de la naissance d’Eugène Ionesco

Eugène Ionesco (Slatina, Roumanie, 26 novembre 1909 – Paris, 28 mars 1994) serait-il un avant-gardiste devenu classique malgré lui ? Ou bien le mythe l’a-t-il emporté sur ce qu’il fut réellement ? Car l’auteur de La Cantatrice chauve est aussi celui de romans, récits, contes, nouvelles, journaux intimes, pamphlets, essais.

Celui qui naquit un 13 novembre selon le calendrier julien et que J. Mauclair appellera l’« enfant terrible de la littérature et de la vie parisienne » a une vie assez chaotique. Né en Roumanie, placé en France de 1917 à 1919, contraint à repartir chez son père à Bucarest en 1922, reparti chez sa mère désormais aussi en Roumanie en 1926, fait la connaissance de Cioran, de Mircea Eliade et de sa future femme en 1928, se marie en 1936. Départ du couple por la France en 1938, retour en Roumanie après juin 40, revient en France lors de l’entrée en guerre de la Roumanie. S’établit alors définitivement en France où naît leur enfant unique, Marie-France, en 1944. C’est en 1948 qu’il écrit La cantatrice chauve, jouée en 1950, alors qu’il devient français. Après La leçon (jouée en 1951) et Jacques ou la soumission (1955), il est reconnu comme un des dramaturges les plus importants du « théâtre de l’absurde », expression forgée par Martin Essling pour désigner un mouvement mettant en évidence l’absurdité de l’être, par référence au Mythe de Sisyphe de Camus. Après Jarry, qui d’une certaine façon l’inaugure, cette école aura pour représentants essentiels, outre Ionesco, Beckett, Genet et Adamov. « Je n’ai jamais compris, pour ma part, la différence que l’on fait entre comique et tragique. Le comique étant l’intuition de l’absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n’offre pas d’issue », dira Ionesco.

Pierre FRANCOIS