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Histoire : ce qu’aurait pu écrire Gayarré

jeudi 11 janvier 2007, par Pierre François


Le navigateur espagnol Alvarez de Pineda est le premier à trouver une embouchure fluviale, en 1519, mais sans l’identifier comme celle du Mississipi. Il déclare espagnol le territoire qu’il vient de longer, depuis la Floride. Hernando de Soto l’aurait remonté, au moins partiellement vers 1540. L’exploration de la région des Grands Lacs dure de 1615 à 1669 et est l’œuvre de Samuel de Champlain, Étienne Brûlé, Médard Chouart, Pierre-Esprit Radisson et René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle. Ils cherchent une voie de communication vers le sud. Via le lac Michigan, Green Bay, le lac Winnebago, la rivière des renards et la rivière Wisconsin, une expédition menée par Jacques Marquette et Louis Joliet tombe sur le Mississipi, qui descend jusqu’à Memphis et l’embouchure de l’Arkansas puis rejoint le lac Michigan par l’Illinois. En 1681 René Robert Cavelier de la Salle descend le Mississipi jusqu’au golfe du Mexique et, le 9 avril 1682, nomme l’ensemble des territoires traversés Louisiane  [1] [2]. Il meurt le 19 mars 1687, assassiné par des mutins lors de sa seconde expédition, pour retrouver le fleuve par la mer et en explorer la rive sud.

En 1697, Pierre Le Moyne d’Iberville repart de France avec trois bateaux dans ce but, les espagnols étant déjà installés à Pensacola. Un contact pacifique avec les indiens Bilocchy, Moctoby et Pascagoula du 16 au 18 février 1699 près de Mobile lui apprend la proximité du fleuve, qu’il découvre le 2 mars. Il le remonte, rencontre des Bayogoulas, alliés des Biloxis. Et voit que la frontière entre ceux-là et les Houmas est marquée par une perche rouge décorée de crânes d’animaux, d’où le nom de la ville de Bâton rouge. Il construit un fort à l’est de la baie de Biloxi, retourne en France faire son rapport puis revient établir un second fort sur la rive gauche du fleuve au sur de la Nouvelle-Orléans. Puis explore, à pied et en radeau, la région des bayous où des noirs fugitifs des espagnols s’étaient réfugiés. Ramenant des espagnols naufragés à leur garnison, il constate déjà les ravages des maladies européennes chez les Indiens. En 1701 il revient une nouvelle fois de France, avec quatre familles de colons et l’ordre de transporter le fort de Biloxi à Mobile. Mais les conditions climatiques et naturelles, sans compter les indiens et le manque de femme, étaient telles que la Compagnie de Louisiane, qui avait reçu privilège royal du commerce exclusif sur tout le territoire le 12 septembre 1712 préféra le rendre à la couronne cinq ans plus tard. Les volontaires pour partir en Nouvelle-France ne se bousculaient pas non plus. C’est John Law qui, reprenant le privilège, expédia en deux ans 7000 colons, dont environ 5000 de force. Manon Lescaut, de l’abbé Prévost, est inspiré de l’histoire d’une femme qui fit partie de ces contingents.

Autre déracinement, c’est en 1719 qu’arrivèrent sur place les 500 premiers esclaves africains. Ils seront 4652, auxquels il convient d’ajouter 61 esclaves indiens, lorsque la France préférera céder la Louisiane à l’Espagne (1763) plutôt que de la voir devenir britannique.

Et même si dès 1733 la Nouvelle-Orléans focalise l’attention grâce à sa réputation de ville insouciante, il faut se rappeler que la Louisiane de l’époque couvrait tout le bassin du Mississipi.

Que se passait-il plus au nord ? Les français s’étaient mis à fournir des armes aux indiens de l’Illinois pour combattre les hollandais. Dès le années 1670 les jésuites avaient protesté contre la course aux armements qui s’en était suivie. En 1755, les Britanniques avaient vendus aux indiens alliés des français dans l’Ohio des couvertures infectées par la variole : la guerre bactériologique n’est pas une invention récente. Par ailleurs, ils avaient aussi chassé brutalement les Acadiens de leur pays. Ces derniers erreront dix ans durant dans les autres États, en Angleterre et en France avant de venir s’établir peu à peu en Louisiane. Enfin les guerres entre tribus indiennes contribuent à exterminer la population autochtone.

C’est en 1800 que Napoléon récupère la Louisiane, qui’il revend aux Etats-Unis le 8 mai 1803. Il considérait qu’elle leur reviendrait de toute façon un jour ou l’autre et qu’il n’avait pas la possibilité de la défendre face aux anglais (au départ les Américains demandaient seulement la liberté de navigation sur le Mississipi et d’acquérir la Nouvelle-Orléans). D’un coup les Etats-Unis s’accroissent des états du Montana, Dakota du Nord, Dakota du Sud, ouest du Minnesota, Kansas, Wyoming, Iowa, Colorado, Nebraska, Missouri, Oklahoma, Arkansas et Louisiane.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] De par très haut, très puissant, très invincible et victorieux prince Louis le Grand, par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, quatorzième de ce nom, ce jourd’hui, neuvième avril mille six cent quatre-vingt-deux, Je, en vertu de la commission de Sa Majesté, que je tiens en main, prêt à la faire voir à qui il pourrait appartenir, ai pris et prends possession, au nom de Sa Majesté et des successeurs de sa couronne, de ce pays de la Louisiane, mers, havres, ports, baies, détroits adjacents, et toutes les nations, peuples, provinces, villes, bourgs, villages, mines, minières, pêches, fleuves, rivières, compris dans l’étendue de ladite Louisiane, depuis l’embouchure du grand fleuve Saint-Louis du côté de l’Est, appelé autrement Ohio, Olighin Sipou ou Chukagoua, et ce du consentement des Chikacha et autres peuples y demeurant, avec qui nous avons fait alliance, comme aussi le long du fleuve Colbert ou Mississipi et rivières qui s’y déchargent, depuis sa naissance au-delà du pays des Sioux ou des Nadouesioux, et ce de leur consentement et des Ohotante, Ilinois, Matsigamea, Akansa, Natchè, Koroa, qui sont les plus considérables nations qui y demeurent, avec qui nous avons fait alliance par nous ou gens de notre part, jusqu’à son embouchure dans la mer ou golfe de Mexique, environ les vingt-sept degrés d’élévation du pôle septentrional jusqu’à l’embouchure des Palmes, sur l’assurance que nous avons eue de toutes ces nations que nous sommes les premiers Européens qui aient descendu ou remonté ledit fleuve Colbert. Proteste contre tous ceux qui voudraient à l’avenir entreprendre de s’emparer de tous ou chacun desdits pays, peuples, terres ci-devant spécifiés, au préjudice du droit que Sa Majesté y acquiert, du consentement des susdites nations, de quoi, et de tout ce que besoin pourra être, prends à témoin ceux qui m’écoutent et en demande acte au notaire présent pour servir ce que de raison.

[2] N.D.L.R. : Si Cavelier de la Salle nomme officiellement le territoire Louisiane en l’honneur du rois Louis, on sait qu’officieusement il y associalt sa femme, Anne d’Autriche


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