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Concerts : Horizons musicaux sacrés

vendredi 17 novembre 2006, par Pierre François


Pour Noël, le théâtre 13  [1] a prévu de faire voyager les familles de Paris dans les espaces sacrés des musiques du monde. Revue.

Claire Zalamansky produit une musique mélancolique, douce. L’onde aiguë d’une corde frottée y est rythmée par le pincement d’une autre. Quand elle chante, alors au ressac de la musique qui nous emporte déjà dans la rêverie s’ajoute sa voix qui finit d’ensorceler.

Avec Gaâda Diwane de Béchar, le rythme est tout en rondeur, presqu’en langueur, qu’une voix solitaire étire encore. La puissance du chœur qui lui répond n’excluant pas pour autant la douceur. Peu à peu, parfois, la mélodie sort de sa savante torpeur et, avec onctuosité, affirme un tempo plus accéléré.

Avec Anaïki, chœur d’homme, les voix surgissent lentement des profondeurs du silence. Dans une lente respiration, elles affirment leur présence, envahissent tout l’espace, modulent leur importance, hypnotisent les oreilles.

Avec Gospel dream l’énergie du piano et celle de la voix se complètent, l’une dans ses coups l’autre dans la durée d’une dimension qui tantôt se contient tantôt se révèle. Clarté du texte, mélodie de la voix, puissance du mariage avec l’instrument, tous les ingrédients sont là qui font vibrer et communier à une vision volontairement optimiste de l’existence. Sans oublier les à côté sonores qui font le charme du gospel.

Ces musiciens là et d’autre encore -Ustad Wasifuddin Dagar, le chœur des enfants de l’Opéra de Paris ou le nouveau chœur de chambre de St-Pétersbourg– se produiront sur la scène du théâtre 13 entre le 11 et le 24 décembre prochain dans le cadre de son escale musicale : « Chants sacrés dans le monde ».

Car -faut-il vraiment le préciser ?– Ustad Wasifuddin Dagar est un groupe qui vient d’Inde du Nord, Anaïki du Pays basque, Claire Zalamansky d’Espagne et Gaâda Diwane de Béchar d’Algérie. Que ce soient ces pays, la Russie du choeur de St-Pétersbourg ou les Etats-Unis du Gospel Dream, chacun a sa tradition de musique sacrée, tout comme la nôtre sera représentée par le chœur d’Enfants de l’Opéra de Paris qui chanteront A ceremony of Carols et Harpe Op. 28 de Benjamin Britten, et Messe brève de Leo Delibes.

Le nouveau chœur de chambre de St-Pétersbourg, qui n’oublie pas les compositeurs du St-Pétersbourg d’aujourd’hui en plus des maîtres anciens auxquels il est habitué offrira un programme de chœurs orthodoxes, chants liturgiques, populaires et de Noël.

Gospel dream viendra présenter essentiellement les standards du genre : Nobody knows the trouble I’ve seen, This little light of mine, Sometimes I feel, Amazing grace

Anaïki offrira, dans sa langue aux racines pré-indo-européennes, des chants de procession, à Marie, liturgiques, de Noël, des psaumes aussi…

Poursuivant vers le sud, c’est au séfarland espagnol que Claire Zalamansky conviera son monde, mais sans négliger les accents ottomans des juifs de Salonique.

Gaâda Diwane de Béchar passera en revue des rythmes arabo-berbères, des chants mystiques traditionnels, des sonorité africaines, des fresques musicales colorées de blues et aura pour ambition de convier le public à une transe collective.

Ustad Wasifuddin Dagar présentera l’art du dhrupad, si strict qu’il est peu usité en Inde même  [2]. A 10h 30 sera donc donné un concert avec les ragas du matin, et à 20h 30 un autre avec les ragas du soir. Ustad Wasifuddin Dagar représetne la vingtième génération d’une famille de musiciens de ce style.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] Chants sacrés dans le monde est un ensemble de huit concerts qui auront lieu les 11, 19, 20, 21, 22, 23 et 24 décembre au théâtre 13, 103 A bld Auguste Blanqui, 75 013 Paris, M° Glacière. Places à 15/TR 11€. Tél. : 01 45 88 62 22.

[2] Selon Abul Fazl (XVIe siècle) : “La base du Dhrupad est un poème rythmé de quatre vers pour lequel il n’y a pas de règles concernant la prosodie ou le nombre de syllabes. Le sujet des poèmes est l’ivresse de l’amour et ses merveilleux effets sur le cœur humain. Dans l’Inde centrale ces chants sont appelés Chind et sont principalement des hymnes. Dans le Sud de l’Inde (Telugu et Tamil Nadu) ils sont appelés Dhruva et leur sujet est l’amour.” La construction d’un concert de ce style est immuable : la première partie, divisée en trois sous parties, est improvisée sur l’archétype musical du cadre mélodique (raga, se rapprochant mais néanmoins différent des notions de mode ou de gamme) choisi en fonction de l’heure et du sentiment, sans texte ni percussion. La seconde partie comprend percussions et poème.


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