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Adolescents et théâtre : suite

lundi 14 mai 2007, par Pierre François


Tandis qu’est paru un répertoire de pièces contemporaines pour la jeunesse [1], la compagnie Point de rupture met les jeunes sur le plateau, ce qui fait venir leurs parents et amis dans la salle.

La compagnie Point de rupture va présenter du 8 au 16 juin la pièce Les enfants d’Edward Bond [2]. Elle l’a déjà présentée depuis avril 2006 à Mante-la-Jolie, Palaiseau, Brétigny-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, et jusqu’en Belgique.

L’originalité de cette troupe tient à ce qu’elle ne comporte que deux comédiens professionnels adultes, dont un seul sur le plateau, l’autre étant à la mise en scène. En effet, ces représentations sont données à chaque fois par des enfants de la région. Les enfants qui joueront à Paris ne sont pas les mêmes que ceux qui ont présenté la pièce à Brétigny-sur-Orge. Seule exception à ce mode de fonctionnement : ceux qui présenteront la pièce au festival d’Avignon seront originaire de l’Essonne.

Voir un filage quelques temps avant la pièce a quelque chose d’impressionnant. On repart de là en se demandant comment les comédiens adultes parviendront à faire apprendre le texte aux enfants et à régler la question des placements et déplacements avec des jeunes, certes de bonne volonté et pour la plupart issus d’atelier théâtraux, mais à la fois amateurs et débutants.

Le metteur en scène donne quelques clefs. Il ne s’agit pas de faire apprendre un texte par cœur, mais prioritairement de faire entrer les jeunes dans la logique de chacun de leurs personnages. Ceci étant, il y a des répliques à savoir obligatoirement : comment un déplacement peut-il avoir lieu si personne ne l’a provoqué, par exemple ?

Quelques semaines plus tard, quand on revient lors de l’une des quelques représentations (sept à l’étoile du nord), on est ébloui. Certes, la pièce de Bond est conçue dès le départ pour être jouée, et en partie improvisée, par une quinzaine d’enfants. Mais deux éléments frappent. D’une part, on croit complètement à ce qui se passe sur scène, à la circulation et à l’évolution des sentiments, aux gestes qui sont justes, à la psychologie de personnages qui ont su dépasser leur timidité pour parler aussi fort que le requiert une grande salle. D’autre part, il y a dans la salle une vie qu’on y voit rarement. Le public n’est pas celui, blasé et exigeant, qui a l’habitude de fréquenter les théâtres. Il y a là tous les amis, les parents, monsieur avec l’appareil photo et madame aussi décorée qu’un sapin de Noël. On peut en sourire, mais alors de tendresse et de reconnaissance. Oui, ce public applaudit à contre-temps, et alors ? Il est la vie dans un lieu que les codes ont rigidifié alors qu’en principe on y représente la liberté de penser et la variété des sentiments.

On peut être certain d’une chose : aller voir cette pièce, c’est de toute façon prendre un bain de jouvence et de spontanéité.

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] A la découverte de cent et une pièces, répertoire critique du théâtre contemporain pour la jeunesse, de Marie Bernanoce, coédité par les éditions théâtrales et le CRDP de l’académie de Grenoble. Cet ouvrage comporte cent douze fiches descriptives commentant autant de textes destinés à la jeunesse, en 535 pages, ISBN : 2-84260-224-2, 23 €.

[2] Les Enfants, d’Edward Bond. Du 8 au 16 juin à l’Étoile du Nord, 16, rue Georgette Agutte, Paris-18e, avec 15 adolescents des 17e et 18e arrondissements de Paris, ainsi que de Saint-Ouen. Places à 10 €, TR : 8 €, scolaires : 5 €. Tél : 01 42 26 47 47.


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