Théâtre : Drame espagnol

Noces de sang [1] est ici dans une version « tragédie rock ». Originale et prenante. Le public entre alors que les derniers réglages s’effectuent à vue sur le plateau. Le noir précédant les premières répliques est à peine marqué. Des échafaudages garnissent fond, cour et jardin. Une scène circulaire -mais immobile– trouve son contour répété en miniature et verticalité sur un écran. On est déstabilisé, mais c’est pour être mieux captivé ensuite.
Car les personnages nous embarquent dans leurs haines et possessivités. L’amour ? On en parle beaucoup dans cette jungle féminine où chacune cultive son irresponsabilité, mais est-il présent, ou faut-il nommer ainsi les passions et raisons qui mènent les uns et les unes au mariage comme d’autres monteraient à l’échafaud ? On cherche le moindre altruisme chez les femmes de Lorca. Les hommes, eux, ne sont là que par nécessité. Mais on croit aux personnages…
La langue exaltée est magnifique, le jeu est millimétré, dans un ordonnancement qui prend soin de rompre la symétrie des positions tout en s’en approchant. Les chants sont sans agressivité.
Une classe d’espagnol retiendra de tout cela que la fiancée avait trompé son promis, ce qui est un peu court, mais il faut bien commencer à aller au théâtre un jour. Et les auspices sont bons puisque par ailleurs les mêmes élèves disent avoir aimé…