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Danse : Entre el vivir y el soñar

mercredi 17 avril 2013, par Pierre François


« Entre el vivir y el soñar » [1] est un spectacle de danse qui se donne sur quatre dates à l’Épée de Bois et au Studio Théâtre. Il part d’un vers du poète Antonio Machado qui se traduit par « Entre le fait de vivre et de rêver il y a une troisième chose, devine-la », pour aller à la recherche de cette voie inédite, de cet ailleurs, et si ne sont utilisée que des citations de ce poète, il ne s’agit pas d’illustrer son œuvre mais bien de partir en exploration.

Le spectacle fait appel à trois interprètes et est construit en autant de parties. Si en principe le flamenco laisse une part à l’improvisation en ce sens que les gestes codés du danseur disent simplement quand commencer au chanteur ou au musicien, mais pas quoi, elle a choisi de tout prévoir, tout minuter. Les parties reprennent les attitudes décrites par le poète : d’abord la vie, ensuite le rêve, enfin cet entre-deux mystérieux, éventuellement mystique, qui – Pascale Pineda en est sûre, elle qui court après – mène à la sagesse. Car elle en a la conviction : il y a une sagesse cachée qu’il faut chercher, celle qui se trouve dans l’attitude calme des vieilles personnes semblant dire avec humilité « vaut mieux en rire ».

Mais en quoi le flamenco peut-il être un langage menant à la sagesse ?

Pour Pascale Pineda, la créatrice et interprète, le flamenco « c’est le ventre qui danse, c’est sur scène la venue au monde, dans la lumière, la douceur ineffable, la douleur, le sang, la violence. Tout s’abolit et se ré enfante, tout grimace, souffre, tout sourit et creuse les joues, tout tourne et disparaît. ». Et si on lui pose la question de savoir si on peut établir un rapport entre cette danse, qui pour elle passe par le ventre, et la musique de Wagner qui s’adresse aux tripes, elle répond que probablement que oui dans la mesure où elle a un faible pour Nietzsche.

Le flamenco, c’est encore dit-elle l’union parfaite entre le corps et l’âme, l’intellectuel et le charnel. En effet, la danse classique – qu’elle a pratiqué avant de passer au flamenco il y a dix ans – est toute entière tournée vers le haut, le ciel, l’éthéré. La danse contemporaine a un rapport au sol plus fort. Et le flamenco tape du pied sur le sol, enracine le corps, en même temps que les bras s’étirent vers le ciel en mouvements subtils. Et de citer Kazantzakis : « je remplirai ma chair d’âme, je remplirai mon âme de chair, je réunirai en moi ces deux ennemis séculaires. » Peut-être est-ce là un chemin de sagesse...

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] « Entre el vivir y el soñar », spectacle de danse et musique flamenco. Avec Pascale Pineda (danse et chorégraphie), Sylvain Cabanacq (percussions et flûte), Hadrien Moglia (guitare), Cécile Evrot (chant). À la Cartoucherie, Théâtre de l’Épée de Bois, route du champs de manœuvre, 75012 Paris, métro Château de Vincennes + bus 112, tél. : 01 48 08 39 74, les 18 mai et 8 juin à 16 heures. À l’Art Studio Théâtre, 299, rue de Belleville, 75019 Paris (entrée par le 120 bis rue Haxo), tél. : 01 42 45 73 25, dans le cadre du Printemps de la création, les 26 mai et 2 juin. Compagnie Le Peuple Danseur, 9, rue Jean-Baptiste Fortin, 92220 Bagneux, tél. : 06 32 50 39 68, www.myspace.com/lepeupledanseur.


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