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Quand la chimie fait dans la culture

vendredi 17 novembre 2006, par Pierre François


Pas dans l’agriculture, dans la culture tout court.

On reste un peu pantois devant les raisonnements labyrinthiques qui mènent au résultat mais, après tout, du moment que la cause de la culture est servie…

Ainsi parce que les produits Henkel (Le Chat, Rubson et autres Schwarzkopf) sont d’un usage quotidien et que le parfum qui est ajouté aux produits d’entretien doit en rendre l’usage plaisant (vous suivez toujours ?), M. Lutt, maître d'oeuvre de l'opération parce qu’encore tout cela se situe sous le signe de l’irrésistibilité de ces articles (auraient-ils mis des phéromones dedans ?) et parce qu’enfin la société a une tradition de "sponsoring" (patronage) et de mécénat qui débouche régulièrement sur des activités humanitaires ou culturelles, tout le service "marketing" (mercatique, commercialisation) s’est mis à fumer non pas la moquette (quoique ?) mais par les oreilles pour trouver l’idée géniale qui dans un de ces secteurs porterait les messages d’irrésistibilité, de plaisir et d’activité quotidienne vantés par la société.

Et le miracle a eu lieu ! Il suffisait d’emboîter le pas à ces anonymes qui laissent leur journal sur les sièges du métro plutôt que de les mettre à la poubelle, et à ces générations de Gédéons, les protestants qui garnissent les chambres d’hôtel de Bibles, en présentant cette démarche comme toute nouvelle.

Bref, après ce qui dut être une véritable torture morale pour le jury qui devait sélectionner des livres (parce que la lecture est une activité quotidienne et qui procure du plaisir) dans lesquels les héros sont irrésistibles (plus ou moins que les marchandises fabriquées par la société ? L’histoire ne le dit pas…), le groupe a acheté une centaine de livres représentant une trentaine de titres et décidé de les disperser dans le quartier du Louvre (ont-ils aussi pris les traduction en japonais et chinois pour les touristes ?) en distribuant par ailleurs des tracts donnant aux passants des indices pour trouver où ils étaient déposés. Et en installant un quartier général avec la même mission au restaurant « Le fumoir » (tiens, ils n’ont pas pensé que ça n’évoquait pas la propreté, une enseigne pareille ?). Tout cela aura lieu le 25 novembre prochain.

Mais arrêtons de faire du mauvais esprit : ça fera cent lecteurs qui découvriront Le petit prince ou Les malheurs de Sophie, Bel ami ou Manon des sources, Le seigneur des anneaux ou Nos amis les hommes, L’écume des jours ou La colline du dernier adieu, Racines ou Le diable s’habille en Prada, Si c’est un homme ou Rebecca… trente valeurs sûres de la littérature. Rien que pour cela, merci. Et s’il vous plaît, messieurs les publicitaires, continuez à nous faire bien rire.

Pierre FRANCOIS


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