Gaza : qui est ennemi de qui ?

À un moment où les passions s’exacerbent et où on ne peut se contenter de principes abstraits, un poète revient à l’essentiel. Il rejoint l’éternel débat entre la haine du mal et l’amour dû à tout homme ou le mal qu’on se fait en agressant autrui. Les susceptibles y verront peut-être une critique de l’armée ou des clercs, mais c’est le prix à payer par ceux qui ont voulu l’humanité à leur service au lieu de la servir et un dieu à leur image au lieu de se laisser aspirer dans l’Infini divin.
Pierre FRANCOIS

Mon nom est Gaza
derrière le drone se cache l’homme

Ne te crois pas fort
Parce tu m’impose ta loi
Je tremble mais ne te crains pas
Mes larmes sont d’humiliation
Parce que tu es mon semblable

Je hais les coups
Pas celui qui les porte
Je hais ne pas comprendre ce qui te fait agir
Je hais qui te manipule
Homme ou dieu

Je hais l’engrenage stérile
Du culte de la force
Je hais les clairons
Les médailles et les étendards
Et le soi-disant droit divin

Je hais les notions de supérieur et l’inférieur
Je ne suis pas ton ennemi
Je suis ta cible
Tu me soumets
En chien soumis à tes maîtres

Une question me taraude
Aurai-je pu être toi ?
Je hais l’idée qu’on se ressemble
Que de mêmes mots nous habitent
Manger boire dormir pisser aimer haïr

L’ennemi de ton ennemi c’est toi
Moi qui n’ai pas d’ennemi
Je ne te combattrai pas
Ce qui m’étouffe et me brûle
C’est que tu sois un homme


Mario Urbanet Janvier 2009