Opéra-comique : L’Ambassadrice

Le cinquantenaire du traité de l’Élysée est un excellent prétexte pour ressortir de l’oubli un opéra comique oublié depuis plus d’un siècle, et qui fut pourtant un triomphe trente-sept ans durant  !

En effet, « L’Ambassadrice  » [1] est la reprise d’un opéra-comique qui tint l’affiche de 1836 à 1873 (et la quitta après la défaite de 1870 pour des raisons politiques, l’action se situant à Berlin). Le pari est osé et intéressant  : il s’agit à la fois de réactualiser une école de chant français – celle servie par Auber et Scribe – et de restituer les pratiques de la scène du XIXe siècle.

L’équipe qui s’attelle à la résurrection de cette œuvre a en effet pour souci d’intéresser le plus grand nombre à ce qui fut une des meilleure pièces de l’époque. La limite est difficile à trouver entre l’adaptation respectueuse – visée par ces chanteurs-comédiens – et l’adaptation traitresse, mais on n’a pas affaire là aux premiers venus  : ils ont été en résidence à la fondation de Polignac.

Ce que l’on constate dès les répétitions, c’est un souci de faire jouer les chanteurs, de trouver l’attitude et l’intonation juste, tout en respectant le livret. L’idée est, comme au XIXe siècle, d’offrir une intrigue bien lisible et de mettre en scène des personnages cohérents. Rien n’est laissé au hasard  : on remarque que les décors sont visuellement bien travaillés et conçus en fonction de l’architecture de l’Alhambra (scène surélevée par rapport à l’orchestre). Ils sont quasiment composés à la façon d’un tableau et offrent la possibilité d’une mise en abyme, une des scènes figurant une représentation à l’Opéra.

Pierre FRANCOIS