mercredi 13 juin 2012, par Pierre François
« Altan » est un groupe qui en trente ans d’existence est parvenu non seulement à faire évoluer la musique traditionnelle irlandaise mais aussi à acquérir une reconnaissance internationale, de Seattle à Tokyo. Il est comparable, par sa renommée, aux Clancy Brothers (60’s), Chieftains (70’s) ou Dubliners (80’s). Il est actuellement composé, depuis la mort de son co-fondateur violoniste Frankie Kennedy en 1994, d’une guitare, d’un bouzouki – instrument grec que le groupe a été le premier à introduire en Irlande – d’un accordéon et de deux violons, ce dernier instrument étant traditionnel dans le contexte irlandais.
On est frappé de se rendre compte combien chacun des membres du groupe est un passeur, qui a appris les airs des anciens et les réinterprète dans le style du groupe. Ce point est vrai pour Mairéad Ní Mhaonaigh, co-fondatrice du groupe née dans une dynastie de musiciens et chantant en gaëlique comme pour Mark Kelly dont la mère était chanteuse de jazz à Dublin. Tous parviennent à réinventer ensemble un style qui ne trahit pas la tradition mais ne la répète pas servilement non plus.
Le dernier cd – « La Vallée empoisonnée » – tient son nom d’une erreur cartographique. Ce lieu qui se trouve au pied du mont Errigal, sommet du Donegal, était appelé en gaëlic Gleann Neamh – « La Vallée du Paradis » – mais une erreur de transcription – le a remplacé par un i – lui a donné son nom actuel. C’est d’autant plus dommage que le nom d’origine correspond au côté magique du site.
Mais on se console vite en écoutant la musique qui l’évoque. Un toucher précis, une voix pure, un rythme soutenu sans être étourdissant, tout concourt à hypnotiser l’oreille. Musique de pub au départ, c’est aussi sans conteste une musique suffisamment imaginative pour être donnée sur scène – le groupe sera à Martigny (Suisse) le 30 juin et à Tain l’Hermitage le 7 juillet – ou écoutée dans un salon.
Pierre FRANCOIS