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Musique : Traditionnelle, pas folklorique

jeudi 26 février 2009, par Pierre François


« Planètes musiques », ce festival de musiques du monde qui se lance depuis neuf ans en région parisienne pour se diffuser ensuite dans toutes les salles de la f.a.m.d.t. [1], évolue.

Cette année, si des concerts viennent d’être donnés à la Maison de la Musique de Nanterre pour mettre en valeur un certain nombre de musiciens traditionnels, c’est sous l’égide d’autres réseaux (JMF, Le Chaînon, Babel Med Music) que ces derniers sillonneront la France. « Planètes musiques » devient désormais une entreprise de discernement de talents et de promotion d’artistes, fondée sur des règles rigoureuses, laissant à d’autres le soin d’assurer leur diffusion.

Il est clair, quand on écoute les musiciens en question, que depuis des années « Planètes musiques » n’entretient aucune confusion entre la musique traditionnelle et la musique folklorique. C’est Erwan Keravec, du groupe breton des Niou Bardophones, qui explique que dans la musique folklorique on reproduit une musique passée, tandis que la musique traditionnelle est perpétuellement ouverte aux influences étrangères. Et de donner l’exemple de ce musicien qui, montant à Paris dans les années trente, s’était frotté au style musette et l’avait rapporté en revenant au pays. Comme il était considéré comme un musicien majeur de sa génération, c’est la musique de toute la région qui a pris des accents de musette.

On touche ici à une seconde caractéristique de la musique dite traditionnelle : la prédominance du vecteur sur l’origine, de l’interprète qui change la partition en la transmettant par rapport au compositeur, souvent inconnu.

On pourrait encore parler du fait que la gamme sonore des instruments traditionnels ne recouvre que rarement la gamme chromatique de ceux composant un ensemble classique. De sorte qu’il peut arriver que le son traditionnel sonne faux à des oreilles classiques alors qu’il est juste dans sa propre gamme.

La musique traditionnelle est donc un espace de liberté, mais bien comprise dans la mesure où on a conscience de l’inutilité de s’ouvrir à l’extérieur si on ne sait pas qui on est et d’où on vient.

Si on reprend l’exemple des Niou Bardophones, mis à par le batteur, tous (cornemuse, bombarde, saxophone) viennent de l’univers des sonneurs de fest-noz et de bagad. Ce qui les rassemble est la volonté de faire une musique fondée sur l’énergie, qui n’est pas sans rapport avec le rock hard core ou heavy metal, et de repousser sans cesse les limites techniques de leurs instruments. Et c’est à partir du moment où cette étape est franchie que l’ouverture, qui prend en l’occurrence la forme d’une invitation à une confrontation avec des musiques aussi puissantes, devient possible. C’est ainsi que le groupe laisse volontairement un espace musical à autrui dans ses partitions (car, paradoxe par rapport à la musique traditionnelle habituelle, celle des Niou Bardophones est très écrite, composée). Viendront s’y glisser bientôt des musiciens de traditions algérienne ou occitane.

Certes, ce groupe a ses options esthétiques, mais sur le fond la démarche illustre assez bien les convictions qui agitent le milieu de la musique traditionnelle. On a la chance que la F.a.m.d.t. offre à nos oreilles les groupes reconnus par leurs pairs comme les plus talentueux ; il ne reste plus qu’à faire connaissance avec eux soit en concert soit à travers les Cd qu’ils éditent...

Pierre FRANCOIS

Notes

[1] www.famdt.com


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