Musique : Noces heureuses entre les traditions

Ce que Nathalie Négro a en vue, c’est la création d’Opéra Slam à l’horizon 2013. Une vue qui se concrétise doucement puisque ce 25 juin vient d’être rendue publique une deuxième étape de travail, qui a pris la forme d’une vidéoprojection. Le pari est de mélanger les cultures en faisant chanter ensemble des jeunes filles des quartiers de Marseille et des artistes reconnus. Reste maintenant à élaborer chorégraphie et livret autour de la parole de ces jeunes. Quand on se rend compte que la trame de cet opéra est « L’assemblée des femmes » d’Aristophane, on réalise toute la dimension sociale qui transpire derrière le projet artistique. On ne fait pas de l’art pour l’art, on le fait dans le respect des règles de la discipline artistique, mais aussi pour donner à celles à qui il est dénié le sens de la déférence qui leur est due.

Le mélange des cultures, Nathalie Négro en a plutôt l’habitude : le disque compact qu’elle sort cet automne, « Rivages » [1],est le fruit d’une collaboration avec la chanteuse internationale Françoise Atlan. Qui est elle-même un vrai melting pot culturel : née à Perpignan, résidant à Marrakech, spécialiste du chant arabo-andalou).

On touche là une des caractéristiques de pianoandco : avec comme fondement permanent la musique contemporaine et le talent pianistique de Nathalie Négro, cultiver la transversalité à l’occasion de chaque création ou production.

Avec Françoise Atlan, c’est la mise en valeur des musiques traditionnelles du bassin méditerranéen (Liban, Turquie, Italie, Espagne), revisitée par des compositeurs contemporains.

Avec une équipe plus internationale (qui mélange les influences françaises, grecques, lithuaniennes, sud-africaines et anglaises, représentées à chaque fois par des créateurs au talent reconnu) c’est la création de cet Opéra slam engagé.

Avec d’autres encore, c’est la mise en place de « rencontres autour de la création contemporaine au féminin », festival qui, cette année, va tracer son chemin le long d’un axe Marseille – Montréal - Paris. On pourrait encore parler du « Festivales des Alpes », dédié à la musique contemporaine en milieu rural. Ou des ateliers pédagogiques qui ont lieu à l’année.

Bref, tout converge pour dire que pianoandco [2], fondé en 2003 est l’exemple du mariage (et non mélange) permanent des genres, de la proximité avec le public, de la pédagogie et de l’exploration artistique. C’est réjouissant.

Pierre FRANCOIS